Eglises d'Asie

Les Etats-Unis reportent à plus tard le retrait du Vietnam de la liste des “pays préoccupants en matière de liberté religieuse”

Publié le 18/03/2010




Malgré ce qu’avait laissé entrevoir l’ambassadeur des Etats-Unis, Michael Marine le mois dernier (1), le Vietnam restera pour quelque temps encore sur la fameuse liste des “pays préoccupants en matière de liberté religieuse”. Dans un communiqué de presse publié le 29 mars, Michael Cromartie, président de la Commission du Département d’Etat pour la liberté religieuse dans le monde, a laissé entendre que le temps n’était pas encore venu de prendre une telle décision.

Le haut fonctionnaire a d’abord tracé un rapide historique de la question. Il a rappelé que le Vietnam avait été placé sur cette liste pour de nombreuses violations de la liberté religieuse. Selon le décret de 1998 établissant la Commission pour la liberté religieuse dans le monde, les Etats-Unis se devaient d’imposer des sanctions d’ordre économique et diplomatique à l’encontre des pays ainsi désignés. Cependant, à l’issue de négociations, les Etats-Unis avaient signé, le 6 mai 2005, un accord avec le Vietnam dans lequel ce dernier s’engageait à mettre en ouvre un certain nombre de dispositions destinées à améliorer la situation religieuse. Cette amélioration est, selon Michael Cromartie, indispensable au retrait du Vietnam de la liste des “pays préoccupants”.

Le président de la Commission a reconnu que, grâce à diverses initiatives diplomatiques et à une pression diplomatique persistante, un certain nombre de progrès ont été accomplis aussi bien dans le domaine législatif que dans celui de la pratique courante. Des prisonniers pour motif religieux ont été relâchés. Les tentatives consistant à contraindre les croyants à renoncer à leur foi ont été prohibées. Des directives spéciales ont rendu plus facile l’enregistrement officiel de nouvelles communautés religieuses. Vingt-neuf d’entre elles, situées sur les Hauts Plateaux, ont été reconnues officiellement. Des centaines d’autres, non encore enregistrées, ont obtenu la permission de mener des activités religieuses. Par ailleurs, un certain nombre de restrictions pesant sur le catholicisme et le bouddhisme ont été levées.

Cependant, a ajouté le fonctionnaire américain, les accords de mai 2005 ne sont pas encore respectés. Des prisonniers pour motif religieux sont toujours derrière les barreaux et de nouvelles personnes ont été incarcérées. Des centaines d’églises n’ont pas ouvert leurs portes. Un peu partout, des restrictions sont mises aux activités de croyants, plus particulièrement les chrétiens h’mongs des Eglises domestiques protestantes non enregistrées, les fidèles de l’Eglise mennonite, les croyants appartenant au bouddhisme Hoa Hao et au bouddhisme unifié. A toutes ces limitations apportées à la liberté religieuse, selon le président de la Commission pour la liberté religieuse dans le monde, s’ajoute l’absence des libertés essentielles, à savoir la liberté d’expression, de rassemblement et d’association. En conclusion, il a souhaité que les progrès accomplis par le Vietnam en matière économique entraînent une avancée équivalente dans le domaine des droits de l’homme.

Plus d’un mois avant ce communiqué de presse, le 20 février, une importante rencontre entre des délégations vietnamienne et américaine avait eu lieu à Hanoi sur le thème des droits de l’homme. Voilà quatre ans que ce type d’entretiens n’avait pas eu lieu entre les deux pays. Selon les déclarations du chef de la délégation américaine, Barry Lowenkron, les Etats-Unis ont exigé du Vietnam que celui-ci accomplisse un certain nombre de gestes concrets dans le domaine des droits de l’homme. En particulier, les représentants des Etats-Unis ont remis à leurs interlocuteurs une liste de six dissidents incarcérés et de quinze autres assignés à résidence, dont ils demandent la libération avant le voyage que le président Bush doit effectuer à Hanoi à l’occasion de la prochaine réunion de l’APEC, qui doit se tenir dans cette ville en novembre prochain. Il semble bien que cette exigence a rencontré une certaine réticence auprès des autorités vietnamiennes. En effet, le 10 avril dernier, le porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, lors d’une conférence presse, rejetait avec vigueur une éventuelle libération d’un des prisonniers de cette liste, le dissident Pham Hông Son, qu’il a accusé d’avoir violé la loi vietnamienne. Il a ajouté que le Vietnam ne détenait aucun prisonnier de conscience (2).