Eglises d'Asie – Taiwan
Quarante ans après Vatican II, l’Eglise catholique à Taiwan doit continuer d’approfondir l’effort d’inculturation entrepris ces dernières décennies
Publié le 18/03/2010
Selon le prêtre, l’usage du mandarin dans la liturgie peut être qualifié de succès, mais, pour les minorités aborigènes, dont les membres ne maîtrisent pas tous la langue et la culture chinoises, l’effort d’inculturation doit aller plus loin. Le P. Fang a rappelé qu’environ la moitié des 300 000 catholiques de Taiwan sont des aborigènes, issus des onze groupes recensés dans l’île ; l’autre moitié des catholiques se répartit entre Chinois Han, ceux du sud du pays recourrant plus volontiers au dialecte taiwanais et ceux du nord au mandarin. Pour l’Eglise catholique, a poursuivi le jésuite, les Eglises protestantes, notamment l’Eglise presbytérienne, pourraient être une source d’inspiration en ce qui concerne le travail d’inculturation auprès des populations taiwanophones.
Au fil des années, a encore ajouté le P. Fang, les structures de l’Eglise deviennent plus locales. En effet, d’ici dix ans, les évêques catholiques qui sont originaires de Chine continentale auront pris leur retraite et ce sont des évêques nés à Taiwan qui leur succèdent. “Cela profitera grandement au processus d’inculturation et permettra à de plus nombreux aborigènes d’approcher l’Eglise a-t-il expliqué. Les deux derniers évêques originaires du continent, Mgr Joseph Cheng Tsai-fa, à Taipei, et Mgr Joseph Wang Yu-jung, de Taichung, ont respectivement 73 et 74 ans, soit un âge proche des 75 ans, âgé auquel les évêques remettent leur démission au pape. A la tête des cinq autres diocèses de l’Eglise de Taiwan se trouvent des évêques plus jeunes et qui, tous, sont nés à Taiwan. Le dernier en date a été nommé ce 6 avril : il s’agit de Mgr John-Baptist Lee Keh-mean, né en 1958 à Tainan, ordonné prêtre en 1990, et désormais évêque du diocèse de Hsinchu.
Selon un autre intervenant au colloque, le franciscain Bonaventure Lin Ssu-chuan, l’usage des langues vernaculaires a fait beaucoup pour que l’Eglise de Taiwan expérimente une plus grande communion avec l’Eglise universelle. Mais il reste beaucoup à faire, a-t-il lui aussi souligné. Dans les paroisses, les groupes d’étude de la Bible se sont multipliés et la Lectio Divina comme méthode permettant de rendre vivante la Parole de Dieu s’est développée, mais, globalement, la lecture de la Bible n’est pas très fréquente chez les catholiques. Selon le P. Lin, cela est dû au fait que les fidèles ont pris l’habitude de choisir un verset ou un passage des Ecritures pour le lire, le méditer et prier, mais il est rare qu’ils se plongent dans une lecture complète de la Bible.
Quant à l’inculturation de la liturgie, Teresa Chien Ling-chu, directrice du Centre de recherche pour la liturgie de Fu Jen, les réalisations sont bien là : les églises des paroisses aborigènes, par exemple, sont bâties et ornées selon les cultures aborigènes. Mais, a-t-elle souligné, il est nécessaire de garder à l’esprit la nécessité de rester fidèle à la liturgie catholique. “La liturgie de l’Eglise a ses normes et l’inculturation, par conséquent, n’autorise pas un prêtre à changer la liturgie de la messe selon ses désirs a-t-elle remarqué, ajoutant que des erreurs avaient été commises dans certaines paroisses où le curé n’avait pas une connaissance suffisante des documents de Vatican II. “Le renouveau de la liturgie dans l’Eglise à Taiwan n’est pas achevé a-t-elle conclu.