Eglises d'Asie

Une récollection de carême révèle à des paroissiens la situation critique des employés “en situation précaire”

Publié le 18/03/2010




Dans une paroisse du diocèse d’Incheon, une récollection de carême organisée par une paroisse à l’intention de ses fidèles a ouvert les yeux d’un certain nombre sur les réalités de la vie d’un certain nombre d’employés, notamment des ouvriers, “en situation précaire”. “Il y a beaucoup d’usines autour de notre église mais, avant cette récollection, je n’avais jamais pensé sérieusement à la situation difficile des ouvriers qui y travaillent a avoué Delphina Lee Myeong-ryeol. “Je suis triste de savoir qu’ils travaillent dans de telles conditions a confié cette mère de famille de 40 ans, le 26 mars dernier.

Ils étaient près de 70 fidèles de la paroisse de Kojan, à Incheon, à participer à cette récollection d’une journée centrée sur la valeur du travail et la situation des travailleurs en Corée du Sud. A l’occasion de ce carême, la Commission pastorale diocésaine du travail d’Incheon (1) avait organisé le déroulement de cette journée pour aider les catholiques à méditer sur l’exemple de Jésus artisan. Après l’eucharistie présidée par le P. Mark Oh Sang-min, le curé de la paroisse, et le P. Vincenzo Kim Il-hoi, responsable de la Commission, les participants purent voir un film vidéo et écouter plusieurs exposés avant de participer au Chemin de croix.

Ce film vidéo montrait les réalités auxquelles sont affrontés les ouvriers des usines d’Incheon, spécialement ceux qui n’ont pas de contrats à durée indéterminée. A la différence des ouvriers en CDI, ils ont souvent à endurer des conditions de travail difficiles, le paiement de leurs salaires est parfois différé et les licenciements sont immédiats et illégaux. Généralement, leurs heures de travail sont plus nombreuses que celles des autres travailleurs. Employés dans les secteurs de la sous-traitance, ils sont le plus souvent en situation précaire, embauchés pour de courtes durées ou à temps partiel. Le film vidéo suggérait que, plutôt que de rester indifférente à leurs conditions, l’Eglise devrait leur tendre la main et se sentir solidaire (2).

Dans son exposé intitulé “La notion de travail dans la Bible le P. Kim a rappelé que Jésus avait été charpentier jusqu’à l’âge de 30 ans et que ses disciples avaient eu, eux aussi, un travail, tels Pierre et André qui étaient pécheurs. “Comme eux, dans le monde d’aujourd’hui, par notre travail, nous participons à la continuation de la création a ajouté le professeur du séminaire d’Incheon. Le responsable de la pastorale du travail a expliqué que ces ouvriers en situation précaire formaient à l’heure actuelle la moitié de la force du travail du pays. Ils sont vulnérables non seulement aux fréquents et soudains licenciements, mais aussi aux conséquences de ces licenciements, la perte du respect de soi. Soulignant la Béatitude “Bienheureux les pauvres en esprit, le royaume des cieux est à eux” (Mat 5,3), le P. Kim a souligné que l’Eglise devrait agir en fonction de ce que Jésus a dit des pauvres, lesquels, aujourd’hui, sont ces ouvriers et les chômeurs.

Selon le Bureau national des statistiques, en février 2006, le pays comptait 7,8 millions de travailleurs précaires, soit 35 % des 22,4 millions de personnes formant la population active. Pour la Confédération des syndicats de Corée, les statistiques gouvernementales sont incomplètes et ce pourcentage se situe en réalité à 57 % de l’ensemble des travailleurs du pays.

Par ailleurs, lors de cette récollection de carême, Benedict Park Young-dae, directeur de l’Institut de théologie Woori, a souligné dans son exposé sur le thème “Travail et épanouissement que, dans la Corée moderne, beaucoup de gens ne travaillaient que pour répondre aux besoins de leur famille, sans penser à se mettre au service “des autres et de la société”. Il a indiqué que le taux du volontariat en Corée était bas, avec seulement 1,9 % des Coréens impliqués dans des actions de bénévolat, en comparaison de pourcentages tels que 5,5 % au Japon et plus de 19 % en Grande-Bretagne, en France ou aux Pays-Bas. Park Young-dae, qui est aussi membre de la Commission pastorale diocésaine du travail, a affirmé que la croix de Jésus “montrait que le partage et non la possession exclusive était le seul moyen d’obtenir un travail épanouissant” et a suggéré aux retraitants, “en tant que disciples du Christ, de travailler pour les autres trente minutes par jour”.