Eglises d'Asie

A l’âge de 50 ans, un médecin ayant consacré une partie de sa vie au service des lépreux est ordonné prêtre pour un diocèse des Hauts Plateaux

Publié le 18/03/2010




A l’âge de 50 ans, après un long périple qui l’a conduit pendant un temps dans une léproserie où il a exercé la médecine, François Pham Ngoc Quang a enfin atteint un objectif qu’il s’était donné dans sa jeunesse. Le 4 avril dernier, il a été ordonné prêtre à Pleiku, pour le diocèse de Kontum, par l’évêque du diocèse, Michel Hoang Duc Oanh, assisté des deux anciens évêques de Kontum, aujourd’hui à la retraite. Durant la cérémonie, à laquelle un certain nombre de lépreux étaient venus participer, le célébrant a précisé la nature de la vocation à laquelle il était appelé : “Vous êtes ordonné, lui a-t-il dit, au service du diocèse des Hauts Plateaux, un diocèse riche en ethnies minoritaires mais pauvre en prêtres” (1). Il a expliqué que le besoin de prêtres était tel que de vieux prêtres de plus de 80 ans, normalement en retraite depuis longtemps, continuaient d’exercer leur ministère, faute de remplaçants.

Le long chemin parcouru par le nouveau prêtre avant d’être ordonné illustre celui de toute une génération qui se préparait au sacerdoce avant l’année 1975 et qui a dû attendre des années avant d’exercer le ministère sacerdotal. Né dans la province de Dông Nai, François Quang était rentré très jeune au petit séminaire de Kontum. Il y était encore lorsque, en 1975, le Vietnam fut réunifié sous le pouvoir communiste. Le séminaire fut fermé et le jeune Quang, pour gagner sa vie, dut se faire embaucher dans une compagnie gouvernementale de transport de la province du Dông Nai, où il travailla pendant quatre ans. Par la suite, il s’inscrivit à l’université de Hô Chi Minh-Ville et y accomplit le cycle complet des études de médecine. En 1985, il était nommé médecin traitant dans la léproserie de Ben San, dans la province de Binh Duong, limitrophe de Hô Chi Minh-Ville. Autrefois géré par des religieuses, l’établissement est aujourd’hui entre les mains des autorités gouvernementales, même si les religieuses continuent d’y travailler. En 1999, François Quang obtint la permission de venir poursuivre en France des études à la fois religieuses et médicales. Il y suivit, entre autres, un cursus complet de théologie.

C’est à cette expérience que l’évêque a fait allusion lorsqu’il lui a dit dans l’homélie de l’ordination : “Vous avez déjà consacré une longue période de votre vie au service médical des pensionnaires d’une léproserie et vous avez ainsi acquis une riche expérience du service des pauvres. J’espère que vous continuerez à soigner ceux qui souffrent au sein de cette population dépouillée de tout.” Selon le témoignage de son entourage, il semble bien que le nouveau prêtre a bien l’intention d’associer à son ministère pastoral l’exercice de la médecine au profit des plus dépourvus de la population, plus spécialement des lépreux, assez nombreux au sein des ethnies minoritaires. Selon une religieuse de Saint Paul de Chartres qui travaille pour eux, ils sont environ 3 000 sur le territoire du diocèse. Quelques-uns d’entre eux sont soignés à la léproserie de Dakkia, gérée depuis 1975 par le gouvernement. D’autres vivent dans une centaine de hameaux spéciaux. Le P. Quang s’est déjà doté d’un équipement médical moderne et a l’intention d’utiliser les possibilités de soins déjà disponibles dans la région.

Le diocèse de Kontum dans lequel va travailler le nouveau prêtre s’étend sur deux provinces des Hauts Plateaux, Kontum et Gia Lai. Il abrite 220 000 catholiques dont plus de la moitié (120 000) appartient à diverses minorités ethniques. La population catholique est dispersée dans environ 249 paroisses et annexes, dont certaines sont très difficiles d’accès pour diverses raisons. Actuellement, le diocèse ne dispose que de 54 prêtres. Cependant, un nombre important de candidats au sacerdoce est aujourd’hui en formation.