Eglises d'Asie

A Rome, le lundi de Pâques, l’ambassadeur de Taiwan près le Saint-Siège a été baptisé dans la foi catholique

Publié le 18/03/2010




Le 17 avril dernier, lundi de Pâques, Tou Chou-seng, ambassadeur de la République de Chine (Taiwan) près le Saint-Siège a été baptisé dans la foi catholique. La cérémonie a eu lieu dans l’église Sant’Eugenio, confiée à l’Opus Dei, et le sacrement lui a été conféré par Mgr Xavier Echevarria, prélat de l’Opus Dei. Pour le diplomate taiwanais, âgé de 64 ans, qui a choisi le nom de Christophe-Josémaria, la conversion au catholicisme est l’aboutissement “d’un processus qui a demandé du temps, de la méditation et la découverte des vérités du catholicisme”.

Tou Chou-seng a précisé que de nombreux facteurs s’étaient conjugués pour le mener à mettre ses pas dans ceux du Christ. A commencer par sa nomination au poste d’ambassadeur près le Saint-Siège, “une grâce divine un don de Dieu qui lui a permis d’entrer en contact avec les enseignements de l’Eglise ainsi qu’avec les homélies du pape. Après avoir présenté ses lettres de créances au pape Jean-Paul II le 30 janvier 2004 (1), Tou Chou-seng a eu l’occasion de rencontrer de nombreux prélats, prêtres, religieux et religieuses au Vatican, ainsi que des laïcs engagés dans l’Eglise. Il a trouvé “quelque chose de spécial” à ces personnes, quelque chose d’inhabituel qui a piqué sa curiosité. Chez presque tous, il a senti qu’ils avaient “une sorte de paix, de paix intérieure, de bonheur, qui m’a profondément touché a-t-il expliqué après son baptême, auquel ont assisté des ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège et diverses personnalités, dont Mgr Giovanni Lajolo, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats. Pour marraine de baptême, Tou Chou-seng avait choisi Leonida Vera, ambassadeur des Philippines près le Saint-Siège.

Né en Chine continentale en 1942, Tou Chou-seng avait 5 ans lorsque ses parents se sont installés à Taiwan. De son enfance, il dit ne pas avoir conservé d’attaches religieuses particulières, sinon qu’il a fréquenté un temple protestant durant ses années de collège et de lycée. Lecteur assidu des auteurs confucéens et bouddhistes, il n’a pas été “transporté” par ces systèmes de croyance. Il a aussi précisé que sa femme et leurs deux enfants, tous trois catholiques, avaient été “extrêmement émus” en apprenant son désir de conversion, mais qu’il n’avait jamais ressenti de pression de leur part ou de la part de ses amis catholiques qui lui disaient prier pour lui.

Deux jours après son baptême, dans un entretien accordé à l’agence CNS (Catholic News Service), Tou Chou-seng a déclaré qu’être devenu catholique représentait pour lui “une renaissance”. “A chaque fois que je parle ou que je réagis, je dois désormais y penser à deux fois car je suis catholique. Je ne peux plus me comporter comme avant a-t-il ajouté sur le ton de la plaisanterie. Il a précisé qu’il n’avait pas informé son gouvernement de son baptême, mais qu’il pensait le faire sous peu. La liberté de religion est entière à Taiwan et informer son autorité de tutelle de ce baptême ne représente qu’une formalité, non le signe qu’il recherche l’acquiescement de son gouvernement à sa démarche, a-t-il encore déclaré.

A ce jour, le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec Taiwan, et non avec la République populaire de Chine. A ce propos, l’ambassadeur Tou a dit que “de nombreux problèmes demeuraient entre le Saint-Siège et la Chine (continentale)”. Pour que des relations diplomatiques soient nouées entre Pékin et le Vatican, la Chine devrait grandement améliorer l’état de la liberté religieuse dont les catholiques en Chine peuvent aujourd’hui jouir, a-t-il remarqué. Les réformes économiques menées en Chine sont un signe encourageant, a-t-il ajouté, et ces réformes, “si elles peuvent être suivies par des réformes politiques peuvent ouvrir la voie à un plus grand respect des droits fondamentaux.