Eglises d'Asie

Kerala : des milliers de personnes apportent leur soutien à un centre de retraites spirituelles alors que des groupes nationalistes hindous ont demandé sa fermeture

Publié le 18/03/2010




Au Kerala, des milliers de personnes – dont des hindous – ont apporté leur soutien au Divine Retreat Center, alors que plusieurs organisations nationalistes hindoues ont récemment demandé sa fermeture, lors de manifestations organisées dans différentes villes du Kerala. Le centre de retraites spirituelles catholique de Muringoor, au centre de l’Etat, est principalement accusé de conversions massives d’hindous.

Selon le directeur du centre, le P. George Panackal, religieux de Saint Vincent, le Divine Retreat Center, qui, depuis sa création, est géré par la congrégation de Saint Vincent, est le plus grand centre de retraites spirituelles au monde. Des retraites hebdomadaires en anglais et dans six langues indiennes sont organisées tout au long de l’année, et, depuis 1990, plus de dix millions de personnes ont suivi une retraite à Muringoor. Le Divine Retreat Center est socialement très engagé : programmes éducatifs pour les orphelins et les enfants des rues, formations dispensées aux filles issues de milieux défavorisés. Il gère également différents foyers pour handicapés, malades du sida, personnes âgées, veuves, drogués et enfants des rues, où près de mille personnes sont accueillies en pension complète.

Dès sa création, des organisations nationalistes hindoues ont manifesté leur opposition, mais, depuis le 10 mars dernier, date à laquelle le tribunal de grande instance du Kerala a demandé qu’une enquête sur les activités du centre soit menée, l’opposition s’est renforcée. Les différents groupes se sont rassemblés en un seul mouvement, le Hindu Aikya Vedi (HAV, Front uni hindou), qui bénéficie du soutien du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti nationaliste hindou), le principal parti d’opposition dans l’Etat du Kerala. “Nos enquêtes révèlent que le Divine Retreat Center est impliqué dans des conversions massives, dans un meurtre ainsi que dans des détournement de fonds a précisé un responsable du HAV.

Selon le P. George Panackal, la crédibilité du centre n’est pas affectée par cette affaire, des milliers de personnes ayant exprimé leur soutien aux membres de la congrégation Saint Vincent. Par ailleurs, si, jusque là, le Kerala avait été plus ou moins épargné par les excès de l’extrémisme hindou, force est de constater que depuis plus d’un an, on assiste à une recrudescence d’attaques perpétrées contre les chrétiens, qui représentent 30 % des 31 millions d’habitants de l’Etat. En août 2004, un prêtre catholique avait été découvert poignardé dans son église, et les chrétiens avaient dû protester pour que la police ouvre une nouvelle enquête après la version des faits qu’elle avait présentée dans un premier temps (1). En septembre de la même année, des religieuses Missionnaires de la Charité avaient été agressées par des extrémistes hindous, alors qu’elles rendaient visite à des villageois (2). En octobre dernier, l’évêché catholique de Neyyattinkara était attaqué et saccagé (3).