Eglises d'Asie – Philippines
L’annonce par la présidente Arroyo de la commutation en prison à vie pour 301 condamnés à mort a été saluée par l’Eglise catholique, qui milite pour l’abolition de la peine capitale
Publié le 18/03/2010
« Nous avons déjà sollicité un grand nombre de représentants et de sénateurs qui sont en faveur de l’abolition de la peine de la mort a précisé Rodolfo Diamante, secrétaire de la Commission pour la pastorale des prisons de la Conférence épiscopale des Philippines (ECPPC), organe qui plaide pour l’abolition de la peine de mort depuis le rétablissement de celle-ci en 1993 (1).
Selon Rodolfo Diamante, 121 représentants sur les 236 membres de la Chambre de représentants ont promis de soutenir le projet de loi abolissant la peine de mort. Le projet de loi, HB 486, est actuellement inscrit à l’ordre du jour de la Commission des lois qui procèdera à une seconde et troisième lecture, avant que le HB 486 ne soit présenté au vote de la Chambre des représentants. Si le projet est adopté – une majorité simple étant nécessaire -, la Chambre basse transmettra le texte au Sénat, pour étude et éventuellement un vote. Le secrétaire de l’ECPPC estime toutefois que, si la loi sur l’abolition de la peine de mort n’est pas votée dans les trois prochains mois, elle risque de ne pas être votée à moyen terme, du fait de la campagne présidentielle de 2007 et de l’enjeu électoral qu’elle peut représenter.
De son côté, la Commission pour la pastorale des prisons de la Conférence épiscopale des Philippines sensibilise l’opinion publique, plutôt favorable au maintien de la peine capitale, du fait de son effet dissuasif supposé. Quelque trente familles appartenant à l’association Samahan ng mga Pamilya sa Death Row (Association des familles du couloir de la mort) sont ainsi intervenues pour décrire le profil des personnes condamnées à mort et aborder le problème des erreurs judiciaires, dans des paroisses, des écoles et à la Chambre des représentants. La Commission a également invité les fidèles à visiter les prisonniers.
La plupart des condamnés à mort sont généralement issus des classes les plus pauvres de la société philippine. L’ECPPC a répertorié 1 229 condamnés à mort, parmi lesquels se trouvent 31 femmes, 20 mineurs, 10 personnes ayant plus de 70 ans, 34 internés considérés « vulnérables et dont certains souffrent de maladies psychiques.
En 1987, à l’occasion d’amendements portés à la Constitution, la loi autorisant la peine de mort avait été abolie, puis rétablie en 1993 par le président Fidel Ramos pour « les crimes abominables ». Sept condamnés avaient alors été exécutés. En l’an 2000, pour commémorer l’année jubilaire, le président Joseph Estrada avait décrété un moratoire et, depuis, aucune exécution capitale n’a eu lieu.