Eglises d'Asie

Des observateurs étrangers annoncent l’émergence d’une société civile alors que les responsables politiques déclarent que son temps n’est pas encore venu

Publié le 18/03/2010




Il y a quelques années, une discussion publique sur le thème de la “société civile” (1) eût été inconcevable au Vietnam, pays où le Parti communiste détient le monopole du pouvoir. C’est pourtant le sujet qui vient d’être abordé par des personnalités vietnamiennes et des responsables étrangers au cours d’une réunion qui s’est tenue à Hanoi et avait pris comme objet de débat “les politiques de la société civile”. Le 9 mai dernier, l’ensemble des interventions a été publié. Pour la première fois, ces études portaient un diagnostic sur la société civile vietnamienne, à savoir, sur l’ensemble des groupes et mouvements sociaux non gouvernementaux, ayant vu le jour et commencé à fonctionner depuis les années 1990 (2). Elles ont mis en lumière les forces et les faiblesses de ces groupes en question, le caractère de leurs relations avec le Parti communiste vietnamien. Elles ont également relevé l’influence croissante de l’Assemblée nationale.

Les études ont répertorié plus de 2 000 ONG travaillant au Vietnam. Pour la plupart, elles sont engagées dans des ouvres caritatives et fonctionnent dans le cadre du volontariat. Le répertoire incluait, dans ses groupes, un certain nombre d’organisations, encore sous le patronage du Parti, mais qui depuis quelques années, entraînées par le dynamisme de l’économie de marché, semblent jouir d’une certaine autonomie. La proportion de citoyens vietnamiens membre d’un des groupes de la société civile est de 74 %, une proportion plus élevée que dans des pays comme la Chine ou Singapour.

Au cours des débats, la commission chargée de porter un jugement sur l’influence politique de la société civile a insisté sur l’immense place tenue en ce domaine par le parti communiste. Au Vietnam, la ligne politique est généralement établie par le Parti communiste et l’administration centrale. C’est pourquoi, l’influence politique de la société civile sur l’orientation politique du pays ne peut être qu’indirecte et ne peut se dispenser de passer par l’intermédiaire des instances du Parti. Par ailleurs, note la même commission, si la Constitution permet aux citoyens de se porter candidat aux élections, cela ne peut se faire qu’avec l’autorisation du Parti communiste et des organismes patronnés par lui qui dressent eux-mêmes la liste des candidats habilités à se présenter devant les électeurs.

Les propos tenus mardi 10 mai, en fin de réunion, par Dang Ngoc Dinh, directeur de l’Institut vietnamien d’études sur le développement, ont été bien en retrait sur les opinions émises par certains participants. Au cours de sa conférence de presse, il s’est, en particulier rapporté à une déclaration prononcée au cours du Xe congrès du Parti d’avril dernier, par le secrétaire général réélu, Nông Duc Manh. Celui-ci avait affirmé que “le Vietnam avait ouvert son économie à la compétition, mais qu’il n’y en aurait pas dans le domaine politique”. Il a ajouté qu’à son avis, la société civile devait en premier lieu concentrer ses efforts sur le développement social et économique. Le temps n’était pas venu encore pour la compétition politique.