Eglises d'Asie

Gujarat : des responsables catholiques appellent le gouvernement fédéral à prendre des mesures adéquates pour que “la violence gratuite et injuste” cesse

Publié le 18/03/2010




Après le regain de violences qui a éclaté le 1er mai dernier entre hindous et musulmans, faisant six morts et une douzaine de blessés, à Vadodara, dans l’Etat du Gujarat, l’évêque catholique de Vadodara (Baroda), Mgr Godfrey de Rozario, a appelé le gouvernement fédéral à prendre des mesures adéquates, s’il souhaitait que la violence “gratuite et injuste” cesse dans l’Etat.

Les hostilités ont débuté le 1er mai, lorsque la police a ouvert le feu sur une foule de musulmans, tuant cinq d’entre eux. Les manifestants protestaient contre la démolition d’une dargah (1), décidée par les autorités municipales, suite à une directive de la Haute Cour de justice de l’Etat, qui exigeait la démolition de tous les bâtiments empiétant sur les infrastructures routières. Trois jours après le début des violences, un musulman de 32 ans, poursuivi par une foule de près de 1 500 personnes, a été brûlé vif dans sa voiture.

Selon le P. Cédric Prakash (2), le gouvernement a procédé à une désignation “très sélective” des locaux qui devaient être démolis. Ainsi, si 85 % des édifices en situation irrégulière appartiennent à des hindous, ils n’ont pas encore été détruits. “Pour les musulmans, les instances gouvernementales et policières de l’Etat jouent le jeu des partis nationalistes hindous a-t-il ajouté. Mgr Godfrey de Rozario a souligné que ce regain de violence était la “réaction à des plaies qui n’avaient pas été cicatrisées” et que “seuls la patience, la tolérance et le respect pourront contribuer à semer l’harmonie et la bonne volonté au sein des membres de nos communautés 

En mars 2002, des massacres avaient éclaté entre hindous et musulmans. Le drame avait commencé dans la gare de Godhra, où un train qui ramenait des militants hindous d’Ayodhya (3) avait brûlé, provoquant la mort de 59 d’entre eux. La responsabilité de l’incident avait aussitôt été attribuée à des musulmans (4). Trois jours plus tard, une boulangerie, Best Bakery, située à Vadodara, était incendiée par des groupes hindouistes en effervescence depuis l’événement de Godhra (5). Quatorze musulmans qui s’y étaient réfugiés avaient péri, brûlés vifs. D’autres attaques contre des musulmans avaient été menées dans l’Etat pendant plusieurs mois, faisant au total près de 2 000 morts.