Eglises d'Asie

La représentante du Haut Commissariat aux réfugiés rend visite à quelques Montagnards revenus au Vietnam après s’être exilés au Cambodge

Publié le 18/03/2010




Depuis le soulèvement sur les Hauts Plateaux, lors du week-end pascal 2004, et la répression qui a suivi, selon les statistiques du Haut Commissariat aux réfugiés auprès des Nations Unies (UNHCR), environ 750 Montagnards se sont enfuis du Vietnam vers le Cambodge où ils se sont placés sous la protection des Nations Unies. Des accords, conclus au mois de janvier 2005 entre le Vietnam, le Cambodge et l’UNHCR, ont prévu pour ces réfugiés deux possibilités : soit ils pouvaient aller s’installer dans un pays de second asile – c’est la solution choisie par 605 d’entre eux – ; soit ils pouvaient revenir dans leur pays d’origine, sous la protection de l’organisme des Nations Unies. 96 ont choisi solution et 84 autres ont essuyé un refus du droit d’asile et ont été rapatriés de force (1). En vertu des accords tripartites de l’an dernier, les représentants du UNHCR ont le devoir de contrôler la situation des réfugiés ayant choisi le retour au pays.

La dixième visite de contrôle du Haut Commissariat a eu lieu du 26 au 38 avril dernier et la couverture médiatique qui en a été faite laisse planer une certaine confusion sur les propos tenus par la représentante du UNHCR, Erika E. Feller, lors d’une conférence de presse tenue à Hanoi, en compagnie du vice-ministre des Affaires étrangères vietnamien. Selon l’agence de presse officielle du Vietnam (2), le fonctionnaire international aurait précisé s’être rendu dans deux districts, La Grai et Chu Se, de la province de Gia Lai. Le gouvernement vietnamien, a-t-elle dit, lui a facilité les contacts avec les réfugiés revenus du Cambodge. Selon les dires rapportés par l’agence, elle aurait ajouté que ces derniers auraient pris le chemin de l’exode vers le Cambodge pour des raisons économiques ; en précisant cependant que c’était ce que lui avaient confié les réfugiés de retour, rencontrés par elle.

Ces propos ont étonné les observateurs internationaux (3), dont certains ont fait remarquer que généralement les intéressés, presque tous de confession chrétienne, déclaraient fuir la persécution religieuse et protester contre la confiscation de leurs terres par les autorités. On a également souligné que les propos de la représentante du UNHCR contrastaient avec divers rapports diffusés par des associations des droits de l’homme sur ce sujet, comme par exemple Human Rights Watch. En novembre dernier, cette organisation relevait que sur les Hauts Plateaux, depuis 2001, plus de 200 personnes avaient été arrêtées, la plupart pour avoir utilisé la religion à des fins politiques séparatistes.

Cependant, le ton des comptes rendus de la visite sur les Hauts Plateaux vietnamiens publiés par le UNHCR lui-même est quelque peu différent. Le 28 avril, un texte d’une grande sobriété était lu par le porte-parole du Haut Commissariat à Genève. Il se contentait de dire que la représentante de l’organisme des Nations Unies avait contrôlé la situation des réfugiés rapatriés et que celle-ci ne suscitait pas d’inquiétude particulière. Une autre publication du Haut Commissariat, datée également du 27 avril, rapporte les propos d’Erika Feller. A l’issue de sa visite, celle-ci affirme éprouver un “optimisme prudent Lors de cette dixième visite sur les Hauts Plateaux, Erika Feller rapporte avoir rencontré au total six rapatriés, certains chez eux, d’autres dans des locaux officiels. Ils lui auraient tous confirmé qu’aucun d’entre eux n’avait été arrêté, après leur retour au Vietnam. En outre, certains lui auraient confié qu’ils s’étaient enfuis du Vietnam sur la foi de promesses qui leur faisant miroiter l’argent qu’ils pourraient gagner, s’ils rejoignaient le Cambodge.