Eglises d'Asie

Le maintien du Vietnam sur la liste des pays préoccupants en matière religieuse irrite les dirigeants de ce pays, à la veille d’une éventuelle adhésion à l’OMC

Publié le 18/03/2010




Malgré le mécontentement prévisible du Vietnam, la commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde a rendu une nouvelle fois son verdict, qu’elle a communiqué au Département d’Etat : en compagnie de dix autres pays, le Vietnam restera sur la liste des pays “particulièrement préoccupants en matière religieuse à savoir des pays qui commettent ou tolèrent des violations systématiques et graves du droit à la liberté de religion et de croyance.

La recommandation de la commission passe en revue la situation religieuse des pays dont le nom figure sur la fameuse liste (1) et consacre une page au Vietnam. Le gouvernement du Vietnam, dit-elle, continue de persécuter, d’emprisonner les dirigeants de toutes les communautés religieuses et de faire preuve de discriminations à leur égard. Certes, en réponse à l’inscription du Vietnam sur la liste des pays préoccupants, les autorités du pays ont libéré quelques-uns des prisonniers religieux, ouvert à nouveau plusieurs églises des Hauts Plateaux. Elles ont aussi rendu illégales les pratiques consistant à contraindre les croyants à renoncer à leur foi et publié de nouvelles directives facilitant l’enregistrement des communautés religieuses auprès des autorités locales.

Cependant, ajoute la commission, de graves manquements au droit à la liberté religieuse continuent d’avoir lieu, en particulier à l’encontre des Montagnards et des H’mongs protestants, des communautés mennonites, des adeptes du bouddhisme hoa hao, des dirigeants du bouddhisme unifié. En outre, on a fait état de nouvelles renonciations à la religion, obtenues par la violence ou la menace. De nouveau, des croyants ont été arrêtés et peu d’églises fermées ont été rouvertes au culte.

Un peu plus loin, la recommandation mentionne qu’au mois de mai 2005, un accord entre les Etats-Unis et le Vietnam prévoyait que ce dernier puisse être retiré de la liste en question, une éventualité évoquée de nouveau par le Département d’Etat, quelque temps plus tard. Mais la commission juge aujourd’hui que les progrès accomplis par le Vietnam, en ce domaine, ne sont pas suffisants pour que l’on puisse retirer définitivement son nom de la liste.

Ce n’est pas l’avis du gouvernement vietnamien, qui a réagi à la publication de ces recommandations dès le lendemain 4 mai, par un communiqué du porte-parole des Affaires étrangères. Il n’y a pas de persécution religieuse au Vietnam, a-t-il affirmé, et l’application des nouvelles directives religieuses de l’Etat et du Parti, en particulier de l’Ordonnance sur la croyance et la religion, ont satisfait tous les besoins des fidèles et du clergé et créé de nouvelles conditions pour l’exercice du culte (2).

Les observateurs étrangers (3) n’ont pas manqué de mettre en rapport cette décision avec la candidature du Vietnam à l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La recommandation de la commission américaine risque de retarder la date prévue pour cette adhésion, et de rendre celle-ci plus ardue. On comprend l’irritation du Vietnam devant l’avis émis par la commission peu avant des négociations avec les Etats-Unis sur ce sujet, négociations qui ont eu lieu par la suite.