Eglises d'Asie

L’Eglise se mobilise pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre qui a ravagé la région de Yogyakarta

Publié le 18/03/2010




Après le fort tremblement de terre qui a touché la région de Yogyakarta, le 27 mai dernier à l’aube, les secours s’organisent. Venues de différentes régions du pays et de nombreux pays étrangers, les aides affluaient dans la région le 30 mai, tandis que, selon un décompte gouvernemental, le nombre des morts s’élevait à près de 5 700. Dans cette région où les chrétiens sont relativement présents (1), l’Eglise catholique s’est mobilisée pour mettre rapidement à disposition des volontaires et des structures sanitaires destinées à soigner les blessés, estimés à 20 000. Mgr Ignatius Suharyo, archevêque de Semarang, chef-lieu de la province de Java-Centre, situé à 90 km de Yogyakarta, a visité les lieux quelques heures seulement après le tremblement de terre, et le Centre de crise de la Conférence épiscopale, à Djakarta, en lien avec la Caritas locale, a pris en charge la coordination des aides fournies par l’Eglise catholique.

Sur le terrain, dans le district de Bantul, le plus éprouvé par la secousse tellurique, les destructions sont très importantes, mais localisées, certaines zones étant touchées et d’autres non. 3 800 personnes y ont trouvé la mort et 80 % des constructions ont été détruites ou endommagées. Edifiée en 1924, l’église du Sacré Cour de Jésus, à Ganjuram, figure au nombre des bâtiments détruits et quatre personnes y ont trouvé la mort ; seul le clocher est resté debout. Centre de pèlerinage important dans le diocèse, le sanctuaire a été épargné, mais, dans cette paroisse de 7 000 fidèles, 70 catholiques sont décédés. La messe du dimanche 28 y a été célébrée dans le calme et le recueillement. Ainsi que l’a rapporté le curé d’une autre paroisse, elle aussi affectée par le tremblement de terre, l’homélie prononcée au lendemain de la catastrophe a rappelé aux fidèles le dicton javanais “neges kersaning Pangeran qui signifie ‘essayer de comprendre la volonté de Dieu’. Le même prêtre a ajouté qu’il avait souligné, auprès de ses paroissiens, la nécessité de s’entraider, ainsi que le formule un autre dicton javanais “jiniwith katut” (‘partager la peine de son voisin’). Il est du devoir de l’Eglise et des catholiques de s’impliquer “pour soulager les difficultés et la peine que traversent les habitants de la région qu’ils soient chrétiens ou non. “Ce serait un grand péché si l’Eglise ne faisait rien en cette période d’épreuves et de deuil a-t-il a précisé.

Dans le district de Sleman, les locaux de la paroisse de Marganingsih, à Kalasan, ont été endommagés, comme la plupart des constructions environnantes. Le curé, le P. Fransiskus Xaverius Tan Soe, a reçu l’aide d’une cinquantaine de ses paroissiens pour monter des tentes afin d’accueillir les survivants et les blessés qui ne trouvent pas de place dans les hôpitaux des environs, débordés par l’afflux de victimes. Une assistance médicale a été mise en place pour ces personnes, le personnel de l’hôpital situé juste derrière l’église venant épauler les bénévoles. Les femmes de la paroisse se relaient pour préparer les repas. Après avoir été soignés, certains choisissent de rester dans les tentes. “Retourner chez moi ? Pour aller où ? Ma maison n’existe plus répond une des personnes hébergées sur place, heureuse d’échapper à la pluie. Dans les prochains jours, la paroisse prévoit de monter de nouvelles tentes pour abriter ceux qui ont tout perdu. Sur un bassin de population de trois millions de personnes, les sans-abri et les personnes déplacées sont estimés à 660 000.

Par ailleurs, le volcan Merapi, situé à environ 70 kilomètres de l’épicentre du séisme, continuait mercredi 31 mai à dégager un nombre élevé de coulées de lave et de cendres brûlantes. La “montagne de feu” expulsait ainsi un panache de fumée s’élevant à 700 mètres au-dessus du cratère et le tremblement de terre pourrait augmenter son activité, déjà inquiétante depuis quelques semaines.