Eglises d'Asie

“LES TENTATIVES DE LOI ANTI-CONVERSION SONT UNE INTRUSION INJUSTIFIEE DANS DES DOMAINES QUI NE RELEVENT QUE DE DIEU” – déclaration du cardinal Ivan Dias –

Publié le 18/03/2010




Pendant l’audience durant laquelle Benoît XVI a reçu la lettre de créance du nouvel ambassadeur d’Inde près le Saint-Siège, le pape a émis l’observation suivante au sujet de la liberté religieuse en Inde : “Les signes inquiétants d’intolérance religieuse qui ont touché certaines régions de la nation, dont des tentatives répréhensibles de porter atteinte au droit fondamental de la liberté religieuse, doivent être fermement combattus, non seulement parce qu’ils sont anticonstitutionnels mais également parce qu’ils s’opposent à l’idéal des pères fondateurs de l’Inde, qui croyaient en une nation basée sur des principes de coexistence pacifique et de tolérance mutuelle entre les différents groupes religieux.”

Devant les critiques d’une fraction politico-religieuse minoritaire, qui ne représente pas la majorité religieuse en Inde, il me semble important de rappeler certains éléments :

1. La conversion d’une religion à une autre est un sujet d’ordre personnel entre Dieu et les personnes concernées. La liberté de conscience, le droit de professer sa foi librement, de la pratiquer et de l’annoncer a été mis en valeur par la Constitution indienne, et est un droit fondamental pour tout homme, toute femme, et tout enfant. Par conséquent, les conversions ne peuvent se faire ni par la force, la séduction ou la fraude, ces dernières étant considérées invalides par l’Eglise catholique. Toutefois, toute opposition légale ou de facto à une conversion véritable est non seulement une atteinte grave au respect des droits de l’homme et à l’esprit de la Constitution indienne, mais est, par-dessus tout, une intrusion dans des domaines qui ne relèvent que de Dieu.

Afin de prouver la bonne foi du groupe, il est, par conséquent, impératif de lui demander de produire des preuves évidentes que l’Eglise catholique a bel et bien réalisé des conversions forcées. Toutes les affirmations faites jusqu’à présent se sont révélées être complètement fausses, comme celle de l’année dernière déclenchée par un fonctionnaire du ministère de l’Education contre une école catholique de Nashik, lorsqu’il s’était vu refuser un service qu’il avait demandé de manière très arrogante. Lorsqu’il a été interrogé par ses supérieurs hiérarchiques et qu’on lui a demandé des preuves, il a rapidement retiré sa plainte et a publiquement présenté ses excuses pour son comportement hautain.

2. Les chrétiens en Inde ne représentent que 2,3 % de la population, et 1,8 % d’entre eux sont catholiques. Malgré cette minuscule minorité, les chrétiens gèrent 20 % des écoles primaires du pays, 10 % des programmes d’alphabétisation et de santé, 25 % des structures accueillant des veuves et des orphelins, et 30 % des centres pour personnes handicapées, lépreux, ou malades du sida. La plus grande majorité des personnes fréquentant nos institutions ne sont pas de religion chrétienne. Ces structures sont grandement appréciées par les hindous, les musulmans, et les personnes d’autres religions, qui admirent les chrétiens pour leur dévouement auprès des malades, des rejetés de la société et des opprimés.

Le groupe mentionné ci-dessus ferait mieux d’examiner ce qu’il réalise pour l’éducation et l’élévation sociale du peuple indien, au lieu de mal prendre le fait que des personnes issues de la communauté religieuse majoritaire en Inde (et également d’autres communautés), se sentent attirées par la religion de Jésus-Christ, qui a dit à ses disciples qu’Il était venu non pas pour être servi mais pour servir, et à qui Il a demandé de s’aimer les uns les autres comme Il les avait aimés. Ce groupe pourrait également se demander pourquoi beaucoup de personnes d’autres religions, dont des membres du gouvernement, insistent pour que leurs enfants soient scolarisés dans des “écoles-couvents”, ou souhaitent que leurs malades soient soignés dans des hôpitaux ou des centres catholiques.

3. Ce même groupe pourrait également mener une étude sur les millions de personnes qui sont passés par l’éducation, les institutions sociales ou de santé catholiques – dont entre autres des juges et des avocats célèbres, des médecins et infirmières, des responsables politiques et religieux, et même certains personnages importants dudit groupe ! – afin de savoir s’ils ont été convertis au sein de ces structures, ou s’il leur a été demandé de se convertir au christianisme. Ils comprendraient alors pourquoi après 2 000 ans de présence chrétienne en Inde et les activités audacieuses de ses membres en faveur des populations locales, le nombre de chrétiens en Inde reste extrêmement faible.

4. Si ce groupe ne peut répondre à ces points de manière satisfaisante, il ferait alors bien de reconsidérer ses jugements envers la communauté chrétienne, et d’être confus des attaques verbales et physiques, perpétrées par certains de ses membres contre des personnalités ou des institutions chrétiennes, dans différents Etats de l’Union. Un tel comportement est inconvenant de la part de personnes civilisées et met sérieusement en danger les principes séculiers et démocratiques de notre bien-aimée mère patrie, dont les catholiques indiens sont fiers d’appartenir en tant que citoyens respectueux des lois.