Eglises d'Asie

En Asie, le film Da Vinci Code amène les catholiques à réfléchir à une nouvelle catéchèse

Publié le 18/03/2010




En Asie comme ailleurs dans le monde, le film Da Vinci Code n’est pas passé inaperçu lors de sa sortie sur les grands écrans, le 19 mai dernier. Pour Hector Welgampola, journaliste sri-lankais et directeur exécutif de l’agence d’information catholique Ucanews de 1987 à 2001, une fois la déferlante médiatique retombée, il est intéressant de voir comment les Eglises locales, immergées pour la plupart dans une culture non chrétienne, ont réagi face à ce film, désapprouvé par le Vatican.

“C’est le temps de la Pentecôte, à tous les sens du terme écrit le journaliste sri-lankais, constatant que, dans bien des lieux en Asie, les catholiques ont choisi de regarder ce qu’ils pouvaient tirer de positif de la sortie de ce film. La première réaction est venue des Philippines, où les responsables de l’Eglise, dans ce pays très majoritairement catholique, ont appelé les fidèles à approfondir leur foi, pour faire face à la campagne médiatique du lancement du film. “Que ce soit une occasion d’approfondir, dans nos foyers, nos écoles, nos communautés ecclésiales et nos institutions d’Eglise, notre connaissance des Saintes Ecritures et de la tradition de l’Eglise ont écrit les évêques philippins, dans une adresse pastorale à leur peuple.

A Singapour ainsi qu’à Djakarta, en Indonésie, poursuit le journaliste, des catholiques ont mis en place des sessions de lecture de la Bible dans les paroisses, afin de faire comprendre aux fidèles et aux hommes de bonne volonté comment l’ouvre inspirée du roman de Dan Brown biaisait les Ecritures. Les initiatives en ce sens ont touché des pays aussi inattendu que la Chine populaire, où l’Association patriotique des catholiques chinois a appelé les catholiques à lire et à méditer la Bible (1).

Rares ont été finalement les voix pour dire que la déferlante médiatique allait très bientôt se perdre dans le bruit ambiant et qu’il ne fallait pas sur-réagir au film, en lui donnant ainsi la publicité que ses producteurs cherchent. “Tout comme le roman, la popularité du film va disparaître avec le temps a ainsi estimé le P. Ignatius Kim Min-soon, secrétaire de la Commission pour les communications sociales de la Conférence des évêques catholiques de Corée. L’essentiel, estime Hector Welgampola, est que les efforts de créativité en matière d’annonce de la foi et de proposition catéchétique, dont ont fait preuve des catholiques en Asie pour contrer les effets négatifs du film pour la religion catholique, ne retombent pas. L’urgence à trouver les moyens d’annoncer l’Evangile dans les sociétés contemporaines de l’Asie se prolongera bien au-delà du moment où le film aura été oublié.

Plus que les Eglises locales, ce sont les gouvernements des pays asiatiques qui ont pris très au sérieux le film et les menaces qu’il faisait peser, selon eux, sur l’harmonie entre les communautés religieuses. Ainsi, au Sri Lanka, au Pakistan et dans certains Etats de l’Union indienne, sans parler de la Chine, le film a été tout simplement interdit.

Enfin, il est intéressant de noter quelles ont été les réactions des religions non chrétiennes au film. D’habitude, écrit Hector Welgampola, les appels de l’Eglise aux actions menées en commun avec les autres religions ne reçoivent qu’un accueil poli, tant il est vrai qu’en Asie, les autres religions montrent peu d’enthousiasme à un dialogue mené au niveau des institutions. La foi, en Asie, s’exprime à travers des sages et des gourous, pas des institutions. Avec Da Vinci Code, la réaction a été différente : les responsables religieux non chrétiens y ont perçu une insulte envers Jésus et ils ont fait part de leur désapprobation. Des moines bouddhistes, des sâdhus hindous, des mollahs musulmans n’ont pas apprécié le film et ils l’ont dit ; certains ont même soutenu les appels à l’interdire. “Parce qu’ils révèrent la figure de Jésus, ils ne supportent de le voir offensé écrit Hector Welgampola, qui poursuit ainsi : “L’après-Da Vinci Code sera porteur de bénédictions si les catholiques d’Asie sont catéchisés par ce respect du sacré, que leurs frères et sours non chrétiens d’Asie viennent de leur témoigner.”