Eglises d'Asie

L’adoption d’un projet de loi sur l’éducation “patriotique” des écoliers japonais fait craindre une résurgence du militarisme

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement japonais a adopté, le 29 avril dernier, un projet de loi très controversé sur l’éducation, qui ferait désormais de “l’amour de la patrie” un des objectifs principaux de l’éducation des enfants à l’école. Le chrétiens, catholiques et protestants, s’inquiètent de voir se raviver l’éducation nationaliste mise en place durant la seconde guerre mondiale. La révision proposée de la “loi fondamentale sur l’éducation” de 1947 et débattue au Parlement en avril dernier demande en effet aux enseignants qu’ils inculquent aux enfants “une attitude d’amour envers le pays et la patrie 

Le pasteur Kaori Oshima s’interroge : “Ne serait-ce pas un pas en avant vers le contrôle des esprits des enfants et des enseignants ? et l’Union féminine chrétienne, dans un communiqué daté du 16 mai, a déclaré que cette mesure ferait que « l’enseignement ne serait plus dispensé pour les individus mais pour l’Etat”.

Même en faisant abstraction des visées de l’arrière-plan politique de ce projet, le souvenir du passé et sa résurgence provoquent l’inquiétude. La loi de 1999, par exemple, demandait déjà que le drapeau du Hi no maru (‘Soleil levant’) soit hissé et le chant du Kimi ga yo, l’hymne national, chanté dans les cours de récréation tous les matins. Une incitation gouvernementale qui fut loin de faire l’unanimité dans le pays. Kimi ga yo (‘Le règne de Votre Majesté’) sont les premiers mots de l’hymne impérial à la gloire de l’empereur, chef de l’Etat (1). Egalement, les réactions et les controverses sur l’enseignement biaisé de l’histoire du Japon dans les manuels scolaires ont été très vives et ont suscité les violentes protestations de la Chine et de la Corée du Sud (2). Sans parler de l’augmentation continue des effectifs, de l’armement et de l’envoi à l’étranger des “Forces d’autodéfense” qui inquiètent (3), on se souvient des visites bisannuelles du Premier ministre Koizumi au temple shinto de Yasukuni où sont honorés, parmi les soldats morts au combat, les criminels de guerre condamnés à mort, en 1948, pour crimes contre l’humanité.

Parmi les Japonais, les opposants à ces orientations politiques sont loin d’être une petite minorité. Ils redoutent un retour au militarisme et au rétablissement déguisé du shintoïsme comme religion d’Etat. Ce que les évêques catholiques ont écrit clairement dans leur lettre adressée au Premier ministre Koizumi en novembre 2005 (4).