Eglises d'Asie

Malgré des difficultés financières, un service catholique d’assistance téléphonique pour femmes battues lutte pour continuer sa mission

Publié le 18/03/2010




Un service d’assistance téléphonique catholique pour les femmes battues vient de fêter son cinquième anniversaire mais voit son avenir compromis. La célébration de cet anniversaire a eu lieu le 1er juin, à Séoul, dans les locaux du Centre franciscain d’éducation, où le service a ses bureaux. Pour Sr. Clara Lee Young-ja, la responsable, « ces cinq ans ont passé très rapidement. Nous aidons les femmes victimes de violences domestiques. Mais des problèmes financiers nous empêchent de nous occuper davantage des femmes victimes de violences sexuelles ».

D’après Sr. Lee, la Fondation Conrad N. Hilton d’aide aux religieuses a mis un terme à son soutien en juillet 2005. « La fondation a décidé de ne plus nous aider parce qu’elle considère que la Corée du Sud est maintenant un pays économiquement développé a-t-elle expliqué. Or la contribution de la fondation nord-américaine représentait une partie conséquente des 30 millions de wons (25 600 euros) de budget annuel du centre. Le gros des dépenses du centre est constitué d’un loyer et des salaires des trois collaboratrices employées à temps plein.

Ce service d’assistance téléphonique a démarré en juin 2001, sous l’impulsion du Sous-Comité pour les femmes, de l’Association des supérieures majeures de congrégations féminines de Corée du Sud (AMSRWK). Le centre offre ses services à toutes, mais, de fait, ce sont surtout des catholiques qui y font appel. Actuellement, il compte 35 conseillères bénévoles, dont cinq sont des professionnelles spécialisées dans les entretiens individuels, avec les femmes victimes de violences sexuelles. Depuis sa fondation, le service a traité 5 000 cas. Il organise aussi des conférences et des cours d’éducation sur le développement de la personnalité, la guérison et la reconstruction des familles désunies. D’après une de ses brochures, les violences physiques ou psychologiques contre les femmes se rencontrent dans près d’un tiers des foyers – et l’appartenance ou non à la religion catholique n’influe pas sur ce pourcentage. Parmi les femmes victimes de violences domestiques, 15 % ont été menacées dans leur vie.

Fondé à l’origine comme un projet temporaire, le service se trouve remis en question pour des raisons financières ainsi que pour des questions de tutelle. En effet, AMSRWK a jugé que les fruits positifs de cette expérience justifiaient son ancrage dans une réalité institutionnelle. Mais aucune congrégation religieuse ne s’est déclarée candidate et l’assemblée plénière de l’AMSRWK, à la fin de l’année 2005, a décidé de le fermer. Le Sous-Comité pour les femmes a, à cette date, obtenu que l’expérience soit prolongée d’une année, en puisant dans les réserves financières de l’AMSRWK. Sr. Clare Jo Myoung-won, secrétaire général de l’AMSRWK, explique qu’aujourd’hui « les bénévoles tentent de trouver des soutiens financiers pour assurer la pérennité du service. Nous pouvons les aider au coup par coup, mais pas de manière régulière ».

Pour la secrétaire du centre, Rosa Yang Song-ok, il est évident que le service peut et doit continuer. « Nous avons ouvert la voie pour créer ce service il y a cinq ans, grâce à l’aide fervente des bénévoles et elles ont bien l’intention de continuer. Puisque la Corée du Sud est économiquement développée, c’est à nous d’en assurer le financement affirme-t-elle. Selon une des bénévoles, qui veut rester anonyme, c’est pourtant l’Eglise qui devrait en assurer la continuité. « Le service d’assistance téléphonique apporte aide spirituelle et consolation à celles qui subissent des violences domestiques. C’est absurde de le supprimer dit-elle. L’Eglise de Corée devrait l’aider à survivre puisqu’elle a fait de la famille sa priorité pastorale. « Si l’Eglise ne fait rien, c’est qu’elle abandonne sa responsabilité en matière d’aide aux familles affirme-t-elle.