Eglises d'Asie

Mindanao : l’Eglise catholique soutient les démarches visant à trouver un accord à l’amiable au sujet du remboursement des taxes prélevées sur les noix de coco pendant le régime Marcos

Publié le 18/03/2010




A Mindanao, l’Eglise catholique soutient les projets visant à trouver un accord à l’amiable à propos de la redistribution des fonds obtenus par des taxes prélevées sur les petits producteurs de noix de coco pendant la dictature de Ferdinand Marcos (1). Elle a donc lancé une campagne d’information à ce sujet, par le biais des médias et des responsables pastoraux, et en publiant un livret explicatif.

Lors du forum des 11 et 12 mai dernier, organisé à Davao, la Conférence des lumads, des évêques, des oulémas, des prêtres et des agriculteurs (BUPPFALUC) a décidé de concevoir un livret relatif aux fonds issus de la taxation effectuée sur les petits producteurs de noix de coco, en partenariat avec la fondation Kaginhawaan, qui regroupe des paysans et également des mécènes finançant des projets favorisant la paix, le respect des droits de l’homme et le développement durable.

Selon Mgr George Rimando, évêque auxiliaire de Davao, ce livret donnera des informations sur l’historique et la provenance des fonds, et expliquera les avantages d’une solution négociée à l’amiable, notamment le déblocage de fonds qui serviront à développer l’industrie locale et des programmes sociaux pour les petits producteurs. L’Eglise catholique a également prévu de lancer une campagne d’informations dans les paroisses d’une part, et par le biais d’émissions de radio d’autre part, qui s’appuieront sur le livret explicatif et sur l’enseignement de la doctrine sociale de l’Eglise.

Les fonds, issus des taxes prélevées sur la production de noix de coco entre 1973 et 1982, qui, aujourd’hui, sont estimés à 100 milliards de pesos (1,5 milliard d’euros), n’ont, jusqu’à présent, jamais été distribués. A l’époque, Eduardo Cojuangco, aujourd’hui PDG de San Miguel Corporation – le plus important conglomérat agroalimentaire du Sud-Est asiatique -, administrait ces fonds, qui avaient en partie été utilisés pour l’achat d’actions à hauteur de 47 % du capital du groupe philippin. La question de la propriété légale de ces actions fait partie des litiges qui ont été présentés devant les tribunaux philippins.

Pendant le forum, le président de la Coalition nationale d’organisations des paysans et des producteurs de noix de coco (PKSMMN), Efren Villasenor, qui a rencontré à plusieurs reprises E. Cojuangco, afin d’arriver à une base d’accord à l’amiable entre San Miguel Corp. et les petits producteurs de noix de coco, avait explicitement demandé le soutien de l’Eglise catholique et du président de la Commission on Good Government. Au départ, le PKSMMN, qui rassemble 750 000 petits producteurs de noix de coco et ouvriers, revendiquait la propriété légale des actions San Miguel, à hauteur de 60 milliards de pesos (900 millions d’euros). Selon E. Villasenor, les parties à la négociation se dirigent vers un accord basé sur le remboursement des actions San Miguel à hauteur de 27 % du capital, et sur le règlement “rapide” des contentieux présentés devant la cour anti-corruption de Sandiganbayan.