Eglises d'Asie – Corée du sud
Un groupe de prêtres catholiques a cessé son jeûne de protestation mais continue de s’opposer à l’expansion d’une base militaire américaine
Publié le 18/03/2010
Les dix prêtres de la CPAJ, qui appartiennent à six diocèses, avaient inauguré leur jeûne en se rasant la tête, le 17 mai dernier, dans Citizens’ Park du centre de Séoul. Un parc proche des ministères et de l’ambassade des Etats-Unis. Dans une déclaration faite au cours de la messe de clôture de ces neuf jours de jeûne, la CPAJ a affirmé : « Nous avons commencé ce jeûne en nous rasant la tête en signe de pénitence face au gouvernement qui trompe son peuple et ne tient aucunement compte des plus fragiles socialement. Notre neuvaine terminée, nous allons à Daechu-ri. Nous y célébrerons une messe pour la paix et en faveur de la vie, entourés des habitants du village qui veulent pouvoir continuer à vivre sur leurs terres mais qui en sont empêchés par des barbelés. »
Le P. Simon Chun Jong-un, président de la CPAJ, a confirmé à cette messe que l’association entendait intensifier encore sa participation. « Il nous faut être solidaires avec ceux qui souffrent. Le temps est maintenant à l’action et pas seulement à la lecture de déclarations. Nous voulons rester solidaires des habitants de Daechu-ri a-t-il affirmé.
D’après le plan militaire de délocalisation passé entre les gouvernements américain et sud-coréen, la base militaire du centre de Séoul sera rétrocédée à la ville et, en retour, le gouvernement sud-coréen doit apporter 1 124 hectares, pris sur le territoire des villages de Daechuri et de Dodu-ri, pour agrandir la base américaine de Pyeongtaek déjà existante. Le gouvernement a acheté les terrains en question, engageant des actions devant les tribunaux contre 160 des propriétaires qui refusaient de vendre ; la force publique a été requise pour évacuer les villageois qui persistaient à refuser les mesures d’expropriation.
Le 4 mai dernier, le gouvernement a dépêché 11 500 policiers anti-émeute et 3 000 militaires du génie à Daechu-ri, afin de faire évacuer l’école élémentaire où les récalcitrants avaient installé leur quartier général. On estime à un millier le nombre des étudiants, des militants syndicaux et des villageois qui se sont opposés aux forces de l’ordre. Une fois les lieux investis par la police, les bâtiments de l’école ont été rasés et, selon un rapport officiel, 117 policiers et 93 protestataires ont été blessés. Pendant ce temps, les soldats du génie avaient construit une barrière de 29 km. de barbelés pour empêcher les personnes de pénétrer sur le site, gardé, désormais, par les militaires et la police anti-émeute. Le gouvernement a demandé aux habitants d’évacuer le village pour la fin juin ; il a aussi affirmé que l’installation du nouveau personnel militaire devait être achevée pour la fin 2008.
Selon le secrétaire de la CPAJ, le P. Mark Kim In-kook, les manifestations de protestations « vont durer encore longtemps » pour montrer, au vu de son plan de relogement, la malhonnêteté évidente du gouvernement. Et le prêtre de Cheongju d’ajouter : « Nous montrerons notre solidarité en célébrant la messe avec les gens du village et en restant avec eux jusqu’au bout. » D’après la CPAJ, les prêtres de l’Association célébreront la messe à tour de rôle tous les mardis et vendredis dans la petite chapelle de mission de Daechu-ri. Pour Maria Chang Yeon-hee, militante et bénévole d’une ONG, « l’expulsion des villageois a été trop violente et le recours à la force militaire injustifié mais l’incident n’a fait qu’étaler le problème au grand jour. Cela permettra peut-être aux Sud-Coréens de réfléchir « au sujet de ce village et de la présence des forces américaines en Corée ». Selon la jeune femme, « l’opinion publique n’en soutiendra que davantage les villageois et les combattants de la paix ».