Eglises d'Asie

A Florès, l’évêque de Maumere diligente une enquête pour connaître l’étendue de la disette qui menace une partie du territoire de son diocèse

Publié le 18/03/2010




Le 14 juin dernier, Mgr Vincentius Sensi, évêque du diocèse catholique de Maumere, a dépêché une équipe chargée d’enquêter sur la situation alimentaire prévalant sur le territoire de son diocèse. Des articles de presse ont en effet fait mention de l’existence d’une disette, voire d’une quasi famine, dans certains villages de la région, évoquant le sort dramatique de plusieurs milliers de familles, privées de nourriture. “J’espère obtenir des informations fiables concernant les personnes qui n’ont plus de quoi se nourrir et qui ont besoin d’aide a déclaré l’évêque aux membres des Volontaires pour l’humanité à Florès, l’ONG locale à qui a été confiée la mission.

Le diocèse de Maumere a été érigé en décembre 2005 et son territoire couvre celui du district de Sikka, dans la partie centrale de l’île de Florès. Sur un total de 280 000 habitants, on compte 273 000 catholiques. Selon le quotidien Kompas, de Djakarta, ce sont plus de 26 000 personnes dans 55 villages qui souffrent de disette. Des gens auraient commencé à se nourrir de racines et de putak, une farine tirée du tronc d’un arbre cousin du palmier à huile. D’autres quitteraient les lieux pour trouver de quoi se nourrir ailleurs. La cause directe de la disette est une sécheresse persistante, mais, selon Mgr Sensi, c’est aussi le mode d’exploitation agricole qui est en cause. En effet, depuis plusieurs décennies, les paysans ne vivent que de la culture de cacaoyers et d’arbres à noix de cajou. Or, cette année, un insecte a ravagé ces plantations, tandis que le prix de vente des autres cultures, telles le clou de girofle, la noix de coco, la vanille et les mangues, a chuté. “Les gens ne gardent plus de terre pour cultiver du riz et du maïs ; ils n’ont donc plus rien à manger et vont dans la forêt pour se nourrir explique l’évêque, qui précise que des parents inquiets viennent le voir afin de savoir si leurs enfants seront renvoyés des écoles catholiques s’ils ne sont plus en mesure de payer les frais de scolarité.

Ironiquement, la culture du cacao et des noix de cajou a été introduite dans la région en 1960 par un missionnaire, le P. Hendrik Boleng, qui souhaitait que les paysans puissent diversifier leurs sources de revenu. Les autorités ont encouragé ce mouvement, en ajoutant la vanille parmi les cultures de rapport. Et, de fait, en 1998, lors de la crise économique consécutive à la crise financière qui ébranla la région, le district s’en tira plutôt bien, le prix de ces trois produits étant resté élevé. Cependant, aujourd’hui, du fait de la sécheresse et de l’attaque d’insectes, les récoltes ont été réduites à néant et une partie des paysans n’a plus d’argent pour acheter de quoi se nourrir.