Eglises d'Asie

D’après des spécialistes de l’assistance téléphonique pour les personnes dépressives, le nombre d’appels est en forte progression

Publié le 18/03/2010




Traditionnellement, la notion de suicide est bien connue des Japonais, pourtant les autorités s’en inquiètent. Chez les jeunes, elles ont non seulement à faire face à un nombre élevé de suicides individuels ou collectifs (1), mais également à une recrudescence de suicides chez les hommes d’âge mûr.

La FIND (“Inochi No Denwa ‘le téléphone au service de la vie’), un des plus anciens groupes chrétiens d’assistance téléphonique, le constate et s’en inquiète. Jusqu’à récemment, les personnes qui avaient recours à ce service étaient essentiellement des jeunes, mais ces dernières années, les adultes sont de plus en plus nombreux. Lancée en 1971, à Tokyo, par un groupe de chrétiens laïcs bénévoles, spécialement formés pour se mettre à l’écoute des personnes en difficulté, à l’exemple des Samaritans au Royaume-Uni ou de la Life Line en Australie, la FIND compte, aujourd’hui, dans l’ensemble du pays, quelque 50 centres d’écoute téléphonique et de soutien pour les personnes en détresse, qui sont animés par des milliers de bénévoles.

D’après la FIND, le nombre d’appels des suicidaires a atteint le record de 45 600 en 2005. Depuis 1998, le nombre des suicides au Japon se situe autour de 30 000 par an, accusant une augmentation de 50 % en cinq ans. Le ministère de la Santé a lancé une étude sur la question et semble vouloir s’orienter vers une détection précoce de la dépression, en s’inspirant des méthodes suédoises et américaines.

Problèmes économiques, chômage et endettement sont autant de facteurs d’insécurité dans le Japon d’aujourd’hui qui peuvent expliquer, en partie, l’augmentation du nombre de suicides chez les hommes ayant entre 40 à 50 ans (2), et qui représentent 67 % des suicides masculins enregistrés au cours de cette dernière décennie.

Pour Yukio Saito, membre du Comité d’experts de prévention des suicides – créé par le ministère de la Santé en 2002 pour enrayer le nombre croissant de dépressions dans le pays -, l’Etat ne semble pas animé d’une authentique volonté politique de lutter contre ce fléau. “C’est vrai qu’il n’existe pas de recette toute prête pour prévenir les suicides, (.) mais nous pouvons faire en sorte d’être réellement à l’écoute de ceux qui nous appellent, en les traitant avec bienveillance et en les aidant à porter leurs peines a-t-il ajouté.