Eglises d'Asie

Espérance et défis pour l’Eglise catholique coréenne qui voit le nombre de ses fidèles augmenter en même temps que celui des non-pratiquants et que les vocations sacerdotales diminuent

Publié le 18/03/2010




Selon des statistiques récentes réalisées sur l’année 2005, le nombre de catholiques en Corée continue d’augmenter, même si, selon la Conférence épiscopale de Corée (CBCK), le nombre de catholiques non pratiquants croît et que les vocations sacerdotales sont en légère diminution.

D’après le recensement de 2005, dont les résultats ont été publiés par le Bureau national des statistiques, 5,14 millions de personnes se considéraient catholiques en 2005, soit une augmentation de 74,2 % par rapport à 1995 où ils étaient 2,95 millions et représentaient 6,6 % de la population coréenne, contre 10,9 % aujourd’hui. Les bouddhistes, qui formaient 19,7 % de la population en 1995, représentent, dix ans plus tard, 18,3 % de la population coréenne.

Pour la Conférence épiscopale coréenne (CBCK), 9,5 % de la population sont catholiques. Le P. Peter Pai Young-ho, secrétaire général de la CBCK, explique cette différence, par le fait que l’Eglise catholique ne comptabilise que les personnes baptisées, contrairement au recensement de 2005 qui a comptabilisé les personnes s’identifiant comme catholiques, qu’elles soient baptisées ou non.

Selon le P. Young-ho, l’augmentation du nombre de catholiques en Corée, montre que « le catholicisme a gagné la confiance des Coréens notamment par « le rôle de l’Eglise catholique dans la démocratisation du pays, par son implication sociale, son ouverture et sa tolérance vis-à-vis des autres religions ».

Toutefois, selon les statistiques de la CBCK, le nombre de séminaristes est passé en cinq ans de 1 595 à 1 387 en 2005, soit un déclin annuel de 1,8 %, alors que dans les années 1990 la baisse n’était que de 0,4 %, et que les années 1980 avaient enregistré une croissance de 12,4 %. Cette diminution des entrées dans les séminaires depuis plus d’une dizaine d’années, peut en partie s’expliquer par « la sélection plus stricte des candidats au sacerdoce d’après le P. Young-ho.

La CBCK a également confirmé la tendance déjà relevée l’an passé de l’augmentation du nombre de catholiques non pratiquants en Corée (1). Ils ont ainsi presque doublé en dix ans, passant de 912 899 en 1995, à 1 699 968 en 2005, et forment aujourd’hui 36,5 % des catholiques.

L’Eglise catholique en Corée du Sud compte actuellement trente évêques, 3 837 prêtres servant dans 1 447 paroisses et annexes, qui sont réparties sur quinze diocèses plus le diocèse aux armées. Le nombre de congrégations féminines est de 103, pour 9 676 religieuses, les religieux étant 1 407, répartis dans 46 congrégations.

Les évêques prennent leurs distances par rapport à une déclaration d’enseignants chrétiens critiquant une nouvelle loi sur l’administration des écoles privées

Des enseignants catholiques et protestants ont demandé avec force au gouvernement un amendement à la nouvelle loi très controversée régissant l’administration des écoles privées, qui doit entrer en vigueur à partir du 1er juillet prochain. Dans une déclaration commune publiée le 12 juin 2006, le Conseil chrétien de Corée (CCK), la Fédération des institutions de l’enseignement catholique de Corée (FCEFK) et deux autres instances, ont menacé le gouvernement de désobéissance s’il ne modifiait pas la Loi révisée sur l’enseignement privé. Mgr Matthias Ri Iong-hoon, évêque auxiliaire de Suwon et président de la FCEFK, a signé la déclaration qui mentionnait que tous les membres signataires étaient « prêts à affronter le martyre » sur cette question.

La loi a été votée à l’Assemblée nationale, le 9 décembre 2006, avec l’appui du parti au pouvoir, le parti Uri, et celui de deux petits partis d’opposition, malgré les vives objections des députés du parti d’opposition, le Grand parti national, qui avaient quitté la séance (1).

La nouvelle loi exige que le quart au moins des membres du conseil d’administration des établissements scolaires privés soit élu parmi les enseignants et les parents délégués des comités de gestion. L’objectif affiché du texte législatif est d’assurer une plus grande ouverture et une plus grande transparence dans la direction de ces écoles.

La déclaration du 12 juin demande que l’ancien président de l’Assemblée nationale, responsable de l’adoption de cette loi, quitte la politique et que Kim Jin-pyo, ministre de l’Education nationale, démissionne immédiatement. Selon un religieux mariste, John Vianney Ahn Byeong-cho, secrétaire général de la FCEFK, plusieurs expressions de la déclaration sont « exagérées même si, sur le fond, il approuve la déclaration. « Nous, Eglise catholique, devons nous exprimer de manière modérée, plutôt que de parler de martyre ou de démission d’un ministre. Nous aurions dû vérifier l’ensemble de cette déclaration avec la CCK, avant de la publier a-t-il confié.

La déclaration affirme que le Bureau de l’éducation de la ville de Séoul (SMOE) avait fait « interdire les activités religieuses » dans les écoles privées à huit reprises entre mars et juin dernier. « Ce n’est rien d’autre que la partie émergée de l’iceberg du projet de l’administration Roh Moo-hyun et du parti Uri au pouvoir, qui consiste à vouloir supprimer le fondement spirituel des écoles privées explique-t-elle.

Un responsable du SMOE a déclaré aux journalistes, le 14 juin dernier, que le Bureau avait effectivement envoyé une directive aux 140 écoles privées de Séoul, mais n’avait pas interdit pour autant les activités religieuses. Il définit cette directive comme « une sorte de recommandation » faite aux écoles chrétiennes de proposer, parallèlement aux activités religieuses, des activités neutres pour les étudiants sans religion ou de religion autre que chrétienne. D’après ce responsable, c’est un rappel de routine semestriel, fait par le Bureau de l’éducation de Séoul. Sinon, a-t-il expliqué, les étudiants non chrétiens et leurs parents viennent se plaindre au SMOE.

Entre-temps, le P. Peter Pai Young-ho, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud (CBCK), a dissipé le malentendu selon lequel la CBCK était partie prenante de cette déclaration commune. Dans un communiqué de presse, le 12 juin, il a précisé que la FCEFK était une organisation « privée » dans le cadre de l’Eglise catholique, mais que ses activités n’étaient pas représentatives de l’ensemble de l’Eglise (2).