Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Huê cède au diocèse de Vinh la partie de son territoire située au sud du fleuve Gianh

Publié le 18/03/2010




Le 15 mai dernier, une cérémonie, en apparence anodine, a eu lieu, faisant se rencontrer les deux ordinaires de deux diocèses voisins, Huê et Vinh, respectivement Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê et Mgr Paul Marie Cao Dinh Tuyên. Le motif de cette rencontre, qui s’est tenue à la frontière des deux diocèses, dans la province de Quang Binh, sur la rive sud du fleuve Gianh, pouvait lui aussi paraître sans importance. Il s’agissait de ratifier une légère modification de territoire, l’archidiocèse de Huê transférant au diocèse de Vinh un territoire large de 40 km. situé au sud du fleuve Gianh (1).

Pourtant, du point de vue de l’histoire de la nation comme de celui de l’histoire de l’Eglise, cette cérémonie revêtait une profonde signification. Pour tous les Vietnamiens, le fleuve Gianh est lié à des souvenirs historiques bien précis. C’est ce fleuve qui marquait, depuis 1600 et pour une longue période de temps, la frontière entre les deux Seigneuries du nord, où régnaient les Trinh, et du sud, sous la domination des Nguyên. Après quarante-cinq ans de guerre, en 1673, ce choix avait été ratifié solennellement par les deux seigneurs rivaux. Les deux premiers vicariats apostoliques au Vietnam, celui du Tonkin (dang ngoai) et celui de la Cochinchine (dang trong), établis en 1659, recouvraient exactement les territoires des deux seigneuries et le fleuve Gianh leur servait également de frontière. Lorsque, après les accords de Genève de 1954, le Vietnam sera de nouveau divisé en deux, le 17e parallèle, choisi comme nouvelle frontière, traçait une ligne de séparation située environ à cinquante kilomètres au sud du fleuve Gianh. Depuis son origine, l’archidiocèse de Huê était limité au nord par le fameux fleuve. Mais, après 1954, la rive sud du fleuve appartenait au gouvernement du Nord. Par ailleurs, en raison des fréquents affrontements et bombardements sévissant dans cette zone, la pastorale sur la rive sud du fleuve fut peu à peu abandonnée. Ce qui ne fut pas le cas sur la rive nord où les paroisses du diocèse de Vinh continuèrent à fonctionner et à prospérer.

Depuis 1997, les évêques des deux diocèses limitrophes avaient entamé un dialogue à ce sujet et s’étaient mis d’accord pour rattacher au diocèse de Vinh les paroisses de la rive sud du fleuve, qui abritent au total quelque 5 000 fidèles. Mais ce transfert s’est longtemps heurté au refus du gouvernement, qui, systématiquement, n’autorisait pas les prêtres de Vinh à venir administrer des paroisses au-delà du fleuve. Ce n’est qu’en octobre 2006 que le bureau gouvernemental des Affaires religieuses accorda cette permission. C’est ainsi que le 15 mai dernier la cérémonie de passation de territoire a pu avoir lieu à Dông Hoi, dans les locaux du Comité populaire de la province de Quang Binh, entre les deux évêques. Des représentants du clergé et du laïcat des deux diocèses étaient présents ainsi que quelques personnalités officielles.

Avec ce territoire supplémentaire, le diocèse de Vinh recouvre désormais la totalité de trois provinces du Ha Tinh, Nghê An et Qiang Binh. Selon certaines sources de l’Eglise du Vietnam, les conditions seraient désormais remplies pour une future division de ce diocèse, un des plus grands du Vietnam après Xuân Lôc et Hô Chi Minh-Ville. La seule province du Quang Binh compte 83 000 fidèles, plus que n’en compte le diocèse de Da Nang, de Quy Nhon ou de Huê (2).