Eglises d'Asie

Une organisation humanitaire demande aux Nations Unies de ne plus patronner le rapatriement des Montagnards exilés au Cambodge

Publié le 18/03/2010




Un rapport de plus de 139 pages, publié le 14 juin dernier par Human Rights Watch (HRW), vient de mettre en cause gravement les accords tripartites (Vietnam, Cambodge, Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies) signés en janvier 2005 et destinés à faciliter le rapatriement volontaire des Montagnards ayant fui la répression policière vietnamienne en s’exilant au Cambodge (1). Le rapport accuse l’un des signataires, à savoir le Vietnam, de continuer “d’arrêter, d’interroger et même de torturer” les Montagnards revenus de leur fuite au Cambodge dans leur résidence d’origine “une fois hors du champ d’observation des instances internationales”. L’organisation de défense des droits de l’homme critique également le peu de sérieux du contrôle exercé par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) sur la sécurité des exilés au Cambodge lors de leur retour au pays. Les visites rendues aux anciens exilés par le HCR n’offriraient aucune garantie de confidentialité et d’indépendance. Aussi bien l’organisation américaine demande à l’organe des Nations Unies de se retirer de ce processus de rapatriement qu’il qualifie de “forcé”. Le rapport du HRW a été suivi des violentes protestations des principaux intéressés, à savoir le Vietnam et l’organe des Nations Unis, le HCR.

Le deuxième chapitre du rapport est consacré à l’exercice de la liberté religieuse sur le territoire des Hauts Plateaux. La situation n’aurait pas changé. Des reniements de la foi sous la contrainte auraient encore lieu ici et là, malgré l’interdiction de cette pratique par les deniers documents législatifs. De nombreux rassemblements religieux auraient encore été interdits, surtout lorsqu’ils étaient présidés par des pasteurs non autorisés par le pouvoir local.

Le troisième chapitre décrit la répression subie par les militants engagés dans une dissidence pacifique, dans des activités religieuses des Eglises domestiques non enregistrées, ou dans le mouvement d’exode vers le Cambodge. Plus de 350 Montagnards ont été condamnés officiellement à la prison depuis 2001, la plupart pour avoir mis en péril la sécurité nationale. Plus de soixante de ces condamnés l’ont été après leur retour du Cambodge. Loin de diminuer, les arrestations se sont multipliées. Pour la seule année 2005, il y a eu 142 personnes appréhendées. Une liste des prisonniers est fournie en annexe. Selon le rapport, au moins trente d’entre elles ont été arrêtées alors qu’elles étaient au Cambodge ou au moment où elles cherchaient à franchir la frontière.

A ces faits, le rapport du HRW ajoute un certain nombre de témoignages recueillis auprès de Montagnards d’abord exilés au Cambodge, puis revenus au Vietnam sous le patronage du Haut Commissariat et qui se sont enfuis de nouveau après les mauvais traitements subis par eux lors de leur retour dans leur pays. Ils décrivent d’une façon détaillée et concrète leur arrestation, leurs interrogatoires et quelquefois les tortures qui leur ont été infligées. Les témoins rapportent également les consignes reçues des autorités locales et les pressions exercées par elles lors de la visite des représentants du Haut Commissariat, souvent accompagnés de membre de la police ou d’organismes gouvernementaux dans leurs villages.

Comme on pouvait s’y attendre, le rapport de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme a provoqué les protestations vigoureuses des instances mises en cause. Le 16 juin, le porte-parole du HCR à Genève a déclaré que le rapport est partial et a rejeté ses accusations. Human Rights Watch est accusé de tirer des conclusions générales d’un très petit nombre de témoignages. Le jour même de la parution du rapport, le porte-parole des autorités vietnamiennes à Hanoi, Lê Dung, réfutait le récent rapport, le qualifiant de “pure invention dans l’intention de noircir la politique de l’Etat vietnamien à l’égard des minoritaires ethniques du Tay Nguyen (les Hauts Plateaux)”. Il a également souligné l’excellence de la politique pratiquée par le gouvernement à l’égard des minorités ethniques et des religions.