Eglises d'Asie

A Cebu, des prêtres catholiques reconnaissent que l’expansion des mormons les pousse à améliorer leur pastorale

Publié le 18/03/2010




Pour certains prêtres de Cebu, l’augmentation significative du nombre des mormons dans l’archidiocèse de Cebu, au centre des Philippines, signifie que l’Eglise catholique doit améliorer sa pastorale. Les mormons “ont une très bonne pastorale, certainement meilleure que celle que nous avons suivie jusqu’à présent a fait observer Mgr Cristobal Garcia, président de la Commission pour le culte divin de l’archidiocèse, lorsqu’il s’est adressé aux journalistes catholiques récemment réunis à Cebu, où l’Eglise de Jésus-Christ des saints du dernier jour (LDS) a choisi de bâtir son second temple.

“Nos prêtres ne vont plus visiter les fidèles à leur domicile ; ils ne s’occupent plus des défavorisés a-t-il ajouté. Il reconnaît que si “certains” prêtres rendent visite à leurs paroissiens, les autres “ne se rendent chez les fidèles que lorsqu’ils y sont invités pour une occasion spéciale. Cette démarche est différente de celle d’une visite qui consiste à prendre des nouvelles de la famille a-t-il confié.

Le premier temple de l’Eglise de Jésus-Christ des saints du dernier jour a été bâti, en 1984, à Greenmeadows, un quartier de Quezon City, à Manille (1). En juin dernier, le président de la mission de la LDS de Cebu, Leonard Anderson, expliquait aux mêmes journalistes catholiques que leurs missionnaires, arrivés aux Philippines en 1960, avaient formé le premier groupe mormon en 1974. La mission de Cebu dessert la région de Cebu et les provinces voisines de Bohol et de Negros Oriental (2).

D’après Leonard Anderson, le nouveau temple sera bâti sur un terrain de quatre hectares, à Salinas Drive, dans le quartier de Cebu’Lahug. La chapelle actuelle de Lahug date de 1970 et est devenue trop petite pour la communauté en expansion de Cebu, forte de 25 000 personnes, dont les 500 nouveaux membres de cette année. Les dirigeants du quartier général des mormons, dans l’Utah, ont décidé de bâtir un temple à Cebu parce que “le nombre des membres de cette Eglise est suffisant pour en supporter le coût a encore expliqué Leonard Anderson (3).

Mgr Garcia précise qu’actuellement, les mormons sont en train “de combler le vide que nous avons laissé”. Il décrit les prêtres de Cebu comme étant “davantage des professionnels de la religion que des pasteurs” et estime que les prêtres les plus âgés perpétuent “un système fortement fondé sur l’ancienneté en essayant de garder le contrôle des paroisses”. Le clergé, dit-il, “doit abandonner la mentalité féodale des relations ‘maître et serviteur'” en mettant en pratique ce que St Paul enseigne de l’Eglise corps du Christ dont chaque membre “a une fonction différente mais travaille en union avec les autres.

Un prêtre, qui a voulu garder l’anonymat, a expliqué que, malgré la décentralisation “effective” de l’autorité, inaugurée par le cardinal Ricardo Vidal, et qui instaurait des équipes de prêtres au service des paroisses, des conflits existaient toujours, principalement autour de questions d’argent.

Le P. Marnell Mejia, éditeur du bulletin de l’archidiocèse de Cebu et curé de la paroisse du Christ-Roi, reconnaît que le projet d’un nouveau temple mormon pousse “au renouvellement des méthodes d’évangélisation Il précise toutefois que si le nombre de catholiques augmente également, le nombre de prêtres n’est pas suffisant. De son point de vue, “il faut mieux prendre soin du troupeau et intensifier les programmes pastoraux en mettant en avant les groupes laïques”. C’est ainsi que chaque semaine, à l’issue de la messe dominicale, une vingtaine de ses paroissiens, munis d’une croix et d’une Bible, rendent visite à quatre familles pour un partage d’Evangile. “Ces laïcs sont devenus des lumières étincelantes se réjouit-il, en ajoutant qu’ils “favoriseront peut-être une réforme du clergé” (4).