Eglises d'Asie

A l’issue de leur assemblée plénière, les évêques réaffirment les priorités définies au début de cette année

Publié le 18/03/2010




Ils étaient 89 à prendre part à l’assemblée plénière des évêques de l’Eglise catholique des Philippines, au Centre catholique Pie XII, à Manille, les 8 et 9 juillet derniers. Pour les responsables de la Conférence épiscopale, qui se réunit tous les six mois en session ordinaire, l’appel lancé par les évêques en janvier dernier est toujours d’actualité. En dépit – ou à cause – de l’agitation constatée sur la scène politique, il est plus que jamais important d’approfondir les lignes de réflexion lancées en janvier dernier, lorsque cette année 2006 a été décrétée “Année de l’action sociale” par les évêques, l’ensemble de l’Eglise des Philippines étant appelé à étudier et appliquer la doctrine sociale de l’Eglise et à promouvoir l’engagement des catholiques dans les activités sociales de l’Eglise (1).

C’est le président de la Conférence épiscopale, Mgr Angel Lagdameo, archevêque de Jaro, qui a rendu publique, le 10 juillet, la Lettre pastorale rédigée par les évêques. Longue de huit pages, elle est intitulée : “Etre pasteur et être prophète de l’espérance”.

Les évêques écrivent qu’ils joignent leur voix aux groupes qui dénoncent “la multiplication des assassinats extrajudiciaires, qui visent des journalistes, des personnes engagées dans le champ social, (.) et que la rumeur dit être tués par des éléments issus des forces armées”. Ils dénoncent de la même manière, “sans équivoque les assassinats commis par la Nouvelle armée du peuple, d’obédience communiste, et d’autres groupes rebelles, soulignant qu’une bonne partie de ces meurtres ne sont jamais rapportés par les médias mais “sont connus de nous, dans nos diocèses”. Les évêques poursuivent en expliquant qu’ils entendent dire, dans leurs diocèses, que des assassinats sont “attribués à des insurgés” qui agissent dans le cadre d’opérations visant à arracher des armes aux forces de sécurité, à punir ceux qui refusent d’acquitter “l’impôt révolutionnaire” ou encore à régler de soi-disant “dettes de sang”.

Aux Philippines où ces assassinats se multiplient au point de se banaliser, les évêques appellent à la défense des droits et de la dignité de l’homme, laquelle doit elle-même être “juste, impartiale et indépendante de toute appartenance religieuse ou idéologique”.

Selon le vice-président de la Conférence épiscopale, Mgr Antonio Ledesma, archevêque de Cagayan de Oro, si les évêques ont insisté sur leur rôle de “pasteurs” dans le titre de la Lettre pastorale, c’est qu’il y a urgence à mettre en ouvre la doctrine sociale de l’Eglise, face à une actualité marquée par “des problèmes de société brûlants”.

Sur le plan des institutions du pays, les évêques réitèrent la position adoptée au début de cette année. Oui, disent-ils, “certains aspects de notre Constitution peuvent appeler à des amendements et à des retouches mais, non, les évêques “n’apportent pas leur soutien à des efforts hâtifs visant à changer la Loi fondamentale du pays sans mener une vaste consultation et un large débat que de tels changements nécessitent”. Les évêques précisent qu’ils “respectent” les initiatives prises par certains – dont un évêque catholique (2) – pour destituer la présidente Arroyo, mais la Conférence épiscopale, en tant que corps, “ne pense pas, dans les circonstances actuelles, que favoriser une procédure en destitution soit un moyen permettant d’établir la vérité”. Une destitution, insistent-ils, n’est pas constructive, à moins que les parties en présence témoignent “de leur souci vrai pour le bien commun”.

En marge de la conférence de presse organisée pour la présentation de la Lettre pastorale, Mgr Ledesma a précisé que les évêques considéraient qu’il fallait respecter les échéances électorales et que les prochaines élections, prévues en 2007, devaient servir “à manifester la vérité”. Beaucoup voient en ces élections “une forme de référendum” qui permettra aux Philippins de s’exprimer et de dire si, oui ou non, ils considèrent l’actuelle équipe dirigeante comme étant “crédible”.

Par ailleurs, les évêques ont redit, dans leur Lettre, qu’ils étaient “profondément troublés” par les tentatives, au plan législatif ou dans la conduite des affaires de l’Etat, visant “à affaiblir, voire à détruire, les valeurs religieuses si précieuses concernant la nature de la vie humaine, la nature du mariage, défini comme l’union d’un homme et d’une femme, la nature de la procréation et les valeurs présidant à la formation de la jeunesse”. Des projets de loi au sujet du contrôle des naissances, de l’éducation sexuelle à l’école, du mariage homosexuel et de la santé reproductive laissent la famille philippine “bien mal servie” et “très sérieusement menacée”. Les catholiques sont encouragés à agir pour que ces projets de loi ne se concrétisent pas en loi.

Enfin, les évêques ont fait savoir qu’ils avaient discuté de l’impact que des projets d’exploitation mi-nière pouvaient avoir dans leurs diocèses. Ils ont notamment évoqué le risque d’être perçus comme acceptant des faveurs des autorités dès lors qu’ils négocient avec elles pour limiter l’impact que des projets de développement peuvent avoir, notamment lorsque des déplacements de population ont lieu.