Eglises d'Asie

Kerala : de récents scandales impliquant des pasteurs pentecôtistes amènent des chrétiens à s’interroger sur le fonctionnement de cette branche protestante

Publié le 18/03/2010




De récents scandales chez des groupes pentecôtistes du Kerala amènent des chrétiens à s’interroger sur le fonctionnement de cette branche protestante. Le 28 juin dernier, la police a enregistré une plainte contre trois pasteurs accusés de viol sur une jeune fille mineure. Cinq jours plus tôt, un tribunal condamnait un pasteur pentecôtiste et son fils à sept ans de prison et à une amende de 35 000 roupies (près de 600 euros), pour avoir diffusé par Internet des photos truquées d’un pasteur pentecôtiste, T.S Abraham, et de sa fille dénudés. En mars, une troisième affaire avait concerné un pasteur soupçonné d’abuser sexuellement d’orphelins dont il avait la responsabilité.

Le pasteur Abraham et sa fille ont été les victimes du premier “cybercrime” condamné par la jurisprudence du Kerala. R. Ramchandran Nair, qui était responsable de l’enquête et a fait appel à des experts en informatique, s’est dit satisfait du jugement prononcé par la Cour. Le pasteur Abraham a quant à lui rendu grâce à Dieu, confiant qu’il avait beaucoup souffert de ce “crime odieux mais qu’il ne souhaitait pas se prononcer sur les accusés, car les divergences “font du tort au fonctionnement de l’Eglise et ne reflètent pas notre foi 

Selon T.S Abraham, âgé de 80 ans et responsable de l’Eglise pentecôtiste de Dieu, ces scandales n’altèreront pas son Eglise, qui a grandi rapidement et compte actuellement 300 000 membres. C’est son père, K.E Abraham, qui, en 1923, fonda le mouvement pentecôtiste en Inde. Aujourd’hui, au Kerala, où les chrétiens représentent 19 % des 31,3 millions d’habitants, on compte plus de 200 groupes protestants qui ont su attirer les fidèles des Eglises plus traditionnelles.

Pour Babu Paul, théologien de l’Eglise orthodoxe, les scandales touchant l’Eglise pentecôtiste sont le résultat d’une course à l’argent parmi les différentes branches. Selon lui, les Eglises traditionnelles ne permettent pas à des fidèles de se scinder en différents groupes, contrairement “aux Eglises pentecôtistes, qui considèrent tout rassemblement hebdomadaire de cinq fidèles, comme une Eglise. Ce sont plutôt des shows individuels qui font du recrutement numéraire ajoute-t-il, en précisant que “si un membre de l’Eglise pentecôtiste trouve à redire sur le responsable de son groupe, il ira fonder une Eglise ailleurs, et deviendra le pasteur”.

Selon un homme d’affaire catholique, David Joseph, la multiplication des groupes néo-pentecôtistes créé “une concurrence malsaine parmi les prédicateurs qui créent des groupes séparés afin d’attirer des fonds étrangers. “L’évangélisation est une industrie florissante au Kerala, et aucune formation n’est requise pour devenir pasteur a-t-il ajouté.