Eglises d'Asie

Projeté à Huê, un film documentaire fait revivre un ancien évêque du diocèse, qui fut curé de la paroisse de la cathédrale pendant vingt-trois ans

Publié le 18/03/2010




Le 28 juin dernier, à Phu Cam, paroisse de la cathédrale de Huê, un millier de personnes parmi lesquelles le conseil paroissial et le curé, se sont rassemblées pour assister à la projection d’un film documentaire retraçant la vie et l’ouvre de Mgr Eugène Marie Allys (Ly), ancien évêque du diocèse et restaurateur de la paroisse de Phu Cam. La projection du film a eu lieu à l’intérieur de la cathédrale et a été suivie de la messe, célébrée en l’honneur des saints Apôtres Pierre et Paul, patrons de la paroisse. C’était la première fois qu’un film documentaire présentait publiquement des pages de l’histoire souvent dramatique du diocèse (1).

Mgr Eugène Allys, de la société des Missions Etrangères de Paris, fut le quatrième évêque du diocèse, de 1908 à 1931. Originaire de Paimpont, au cour du massif forestier de Brocéliande, dans le diocèse de Rennes, il partit très jeune pour la mission de Huê, où il arriva en 1876, à l’âge de 23 ans, quelques mois après son ordination sacerdotale. Ses premières années de vie missionnaire furent marquées par de terribles persécutions, qui firent des dizaines de milliers de victimes parmi les chrétiens. C’est en 1885 qu’on lui confia la paroisse de Phu Cam. Décimée par la persécution, celle-ci ne comptait plus que 500 chrétiens. Leur nombre ne tarda pas à s’élever à 2 000, grâce à de nombreuses conversions, venant surtout de la classe pauvre mais aussi de la haute société de la ville impériale. En 1902, à son initiative, une vaste église à trois nefs était construite au centre de la paroisse. Après sa consécration épiscopale, il transférera l’évêché depuis Kim Long jusqu’à Phu Cam, dont l’église deviendra ainsi cathédrale du diocèse. Selon les archives des Missions Etrangères de Paris, pendant son épiscopat, 37 000 personnes reçurent le baptême. Il fonda la Congrégation des Filles de Marie immaculée et celle des frères du Sacré Cour, deux institutions consacrées à la formation de la jeunesse. Il encouragea la création du collège secondaire de la Providence, qui forma de nombreuses générations de jeunes gens cultivés. Il est également à l’origine de la venue des rédemptoristes canadiens au Vietnam et de la fondation par le P. Denis du premier monastère de cisterciens à Phuc Son. Devenu presque aveugle, il donna sa démission en 1931 et mourut en 1936, sans jamais être revenu dans son pays depuis son départ.

Le film documentaire sur Mgr Allys a été tourné par les soins de la Congrégation des frères du Sacré Cour. Son auteur est un séminariste, Thomas Nguyên Huu Anh Quynh. Il s’est appuyé sur un ensemble de textes et de documents iconographiques concernant cet évêque, conservés pour la plupart à l’archevêché de Huê et aux Missions Etrangères de Paris. Selon un ordre chronologique, il retrace la vie et l’ouvre de Mgr Allys, ainsi que son cheminement pastoral jusqu’à ses derniers jours. Peu de temps avant la projection de ce film au mois d’avril, à l’occasion du 70e anniversaire de sa mort, l’ancien évêque avait déjà reçu un hommage solennel de la paroisse, qui avait fait dresser une statue le représentant sur la place qui jouxte la cathédrale de Phu Cam.