Eglises d'Asie

Un colloque réunissant des journalistes catholiques a appelé les Coréens à être plus ouverts aux personnes et aux cultures étrangères

Publié le 18/03/2010




Un colloque, organisé le 23 juin dernier, par le CJCK, le Catholic Journalists’ Club of Korea, dont le thème était “la situation des mariages mixtes et leur amélioration a appelé les Coréens à être plus ouverts aux personnes et aux cultures étrangères, dans un pays où 11,4 % des 310 000 mariages enregistrés dans le pays en 2004, concernaient des Coréens et des personnes de nationalité étrangère.

D’après Han Geon-soo, professeur d’anthropologie culturelle et participant au colloque, le nombre d’étrangers vivant en Corée en mai 2005 était estimé à 536 627 personnes, dont près de 400 000 travailleurs, soit 1,10 % de la population coréenne, dans un pays qui compte un peu plus de 48 millions d’habitants. La situation actuelle révèle que “nous devons apprendre à accepter la diversité culturelle et ethnique, et à devenir tolérants a précisé le professeur Han Geon-soo, en expliquant que, pendant des siècles, l’identité nationale et ethnique en Corée était indivisible, alors qu’aujourd’hui, la Corée comprend des citoyens d’origine chinoise, philippine, et vietnamienne. “La société coréenne est amenée à élargir son regard dans une perspective plus internationale a-t-il ajouté.

Cho Oak-la, un professeur de sociologie, a souligné que la société coréenne et même certaines ONG perçoivent les étrangers, c’est-à-dire les travailleurs migrants ou les femmes se mariant avec des Coréens, dont beaucoup sont d’ailleurs clandestins, uniquement comme des sujets ayant besoin d’assistance, notamment en matière de droits de l’homme, alors que les Coréens devraient prendre conscience “de la présence et du rôle significatif que les étrangers jouent dans la société coréenne, en lui donnant l’opportunité de s’ouvrir davantage.”

Le P. Joseph Kang Seung-soo, un autre intervenant, a fait remarquer que des publicités vantent les “mariages internationaux” entre hommes coréens et femmes asiatiques. Il a confié avoir téléphoné à ce type d’agence matrimoniale en prétendant être intéressé par les prestations de l’agence, et a appris que, pour 12 millions de wons (un peu plus de 10 000 euros), l’agence pouvait le marier à une Philippine ou à une Vietnamienne dans un délai d’une semaine. “C’est du trafic d’êtres humains bien organisé a-t-il ajouté.

Depuis qu’il a débuté son ministère auprès des migrants dans le diocèse de Taejon en 2002 (1), le P. Kang Seung-soo a été confronté à une centaine de mariages de ce type, mais n’a connu qu’un seul couple réellement heureux. “La motivation des femmes étrangères est essentiellement financière, elles veulent aider leur famille dans leur pays et sont attirées par le rêve d’une vie meilleure ; les hommes coréens ne trouvent pas de femmes coréennes car soit ils sont pauvres, soit ce sont des paysans a-t-il précisé. Il a aussi suggéré que les lois en matière de politique migratoire et sociale prévoient une meilleure protection des épouses étrangères contre les violences domestiques, et que des efforts soient faits pour que les futurs époux coréens et étrangers puissent recevoir suffisamment d’informations sur leur futur conjoint, avant de prendre la décision de se marier.

Le P. Ignatius Kim Min-soo, secrétaire du Comité pour la communication sociale de la Conférence épiscopale coréenne, a précisé que “le problème des étrangers et des travailleurs migrants attire de plus en plus l’attention de notre communauté. Les étrangers doivent être traités de la même manière que les Coréens, et ces derniers doivent mettre fin à l’ethnocentrisme et au nationalisme”.