Eglises d'Asie

Une étude indique que les programmes politiques fondés sur les questions religieuses ne sont pas parmi les plus populaires

Publié le 18/03/2010




Le 28 juin dernier, un centre d’études indépendant, le Réseau d’éducation électorale pour le peuple, a rendu public un travail mené à partir des résultats des élections régionales de l’an dernier. Selon ce travail (1), il apparaît que les formations politiques qui se présentent devant les électeurs avec un programme directement inspiré de critères religieux ne remportent pas de succès notable, à moins d’être alliées à des partis politiques non confessionnels. Plus concrètement, l’étude souligne que, lors de ces élections, les candidats des partis islamistes ne l’ont emporté que dans 17 districts sur un total de 224, soit un taux de succès de 7,48 %.

Les partis islamistes l’ont emporté ou ont reçu un fort soutien populaire dans les districts de Tasikmalaya et de Depok, dans la province de Java-Centre, à Bukittinggi, à Sumatra-Ouest, à Situbondo, à Java-Est ou encore à Ponuwato, à Gorontalo.

Ces élections de juin 2005, les premières organisées au suffrage universel direct, ont surtout permis de constater que les partis islamistes remportaient des succès notables là où ils avaient su ou pu nouer des alliances avec les partis nationalistes. Dans ce cas, le taux de succès grimpe nettement, avec des victoires électorales dans 83 districts, soit 37,05 % du total. Un taux qui se compare avec celui des partis nationalistes dans les districts où ceux-ci étaient seuls en lice (73 régions, soit 32,59 %) ou là où ils se présentaient en coalition avec d’autres alliés (51 régions, soit 22,27 %).

Toutefois, selon l’étude, les facteurs les plus déterminants lors de ces élections n’ont pas été l’appartenance partisane, mais le fait d’être ou non candidat sortant. Ainsi, dans 124 des 210 districts où un candidat sortant se présentait devant les électeurs, c’est le candidat sortant qui a été élu (soit un taux de 59,05 %). “Les candidats sortants peuvent utiliser leur position pour influer sur l’administration et les électeurs analyse l’étude, qui souligne cependant que la maturité des électeurs va croissant, étant donné que le fait d’être candidat sortant ne garantit pas d’être élu. Encore faut-il que le bilan présenté soit bon et reconnu comme tel par les électeurs, précise Adung Rochman, coordinateur de l’étude.

Parmi les autres facteurs clés de ces élections, on trouve aussi des éléments tels que l’argent ou des entorses à la légalité. Ainsi, il y a eu des cas où les candidats ont menti sur leur parcours passé, notamment sur leurs diplômes, ou des cas purs et simples de fraude électorale, lors des opérations de vote. Quant à l’importance de l’argent en politique, le fait qu’un candidat soit riche facilite les choses mais ne garantit rien. Syamsuddin Harris, de l’Institut indonésien des sciences, cite le cas de la province de Sumatra-Ouest, “où des candidats aux poches profondes ne l’ont pas emporté”. De même, l’appui d’un grand parti n’est pas forcément gage d’élection aisée. “Le Golkar s’attendait à l’emporter dans 60 % des districts de Java, mais n’a terminé qu’avec un taux de 35,5 % poursuit le même analyste, qui ajoute que ces élections ont au contraire montré que les grands partis n’ont pas d’enracinement local fort.

“Les coalitions que l’on a vu se mettre en place peuvent difficilement être qualifiées de coalitions établies sur des bases idéologiques ou une vision partagée des choses. C’est bien le pouvoir et l’argent qui lient des intérêts, qui coopèrent dans l’espoir de se partager le gâteau. On ne constate pas d’effort particulier pour présenter des candidats de qualité commente encore Syamsuddin Harris.

Enfin, dernier point étudié par le Réseau, la règle selon laquelle 30 % des candidats devaient être des candidates n’a pas été respectée. Dans seulement 63 districts sur 224 trouvait-on des femmes pour se présenter devant les électeurs et, sur un total de 81 candidates, dix-neuf ont été élues. On peut toutefois noter que l’élu le mieux élu est une élue. Il s’agit de Rustriningsih, gouverneur (bupati) sortante de Kebumen, à Java-Centre. Populaire par son action notamment dans le domaine de l’éducation, elle a réuni 77 % des suffrages sur son nom, quand plus des deux tiers des élus l’ont été avec moins de 50 % des voix.