Eglises d'Asie

A Séoul, le Conseil méthodiste mondial a rejoint la position des catholiques et des luthériens sur la question théologique de la justification

Publié le 18/03/2010




Le Conseil méthodiste mondial, réuni à Séoul, vient de signer un texte sur la doctrine de la justification sur lequel les catholiques et les luthériens s’étaient déjà mis d’accord, posant ainsi un jalon historique sur le chemin de l’unité.

Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a été le témoin officiel de la signature par les méthodistes de l’accord signé en 1999 par les catholiques et les luthériens. La déclaration conjointe sur la doctrine de la justification développée par les catholiques et les luthériens spécifie que les deux Eglises partagent le même sentiment à propos de la vérité fondamentale touchant la doctrine de la justification qui divisa l’Eglise d’Occident depuis le XVIe siècle.

D’après l’enseignement catholique traditionnel confirmé au Concile de Trente (1545-1563), le salut de l’homme requiert deux conditions : la grâce de Dieu et des actes bons. La dispute surgit quand le théologien allemand Martin Luther enseigna que seule la grâce de Dieu était nécessaire. L’accord entre luthériens et catholiques de 1999 réconcilie les deux points de vue en affirmant que le salut de l’homme est possible avec la grâce de Dieu et que cette grâce divine conduit les hommes à des actes bons.

Le 23 juillet, un service ocuménique pour solenniser cette signature a eu lieu dans l’église méthodiste de Séoul. Des représentants catholiques et luthériens s’étaient joints aux représentants de l’Eglise méthodiste pour la signature d’une affirmation commune : “Le Conseil méthodiste mondial et ses Eglises membres affirment leur accord doctrinal fondamental avec l’enseignement exprimé dans la déclaration ci-jointe”.

Dans une déclaration commune, les trois Eglises se sont également engagées à approfondir leur commune compréhension de la justification aussi bien dans leur recherche théologique, que dans leur enseignement et leur prédication. La déclaration établit également que “la présente cérémonie des signatures et l’engagement qu’elles signifient sont considérés par les catholiques, les luthériens et les méthodistes comme faisant partie de leur propre recherche d’une pleine communion et d’un témoignage commun pour le monde, selon la volonté du Christ à l’égard de tous les chrétiens”.

Cette signature coïncidait avec la Conférence méthodiste mondiale qui s’est déroulée entre le 20 et le 24 juillet à Séoul et la visite du cardinal Kasper venu de Rome pour un séminaire du 18 au 20 juillet sur le thème de l’unité des chrétiens organisé conjointement par la Fédération des conférences épiscopales d’Asie. La plupart des 3 000 personnes venues de 80 nations différentes et qui avaient pris part au service ocuménique de prière étaient venues en Corée pour ce grand rassemblement méthodiste.

Le cardinal Kasper, dans son allocution, a souligné que méthodistes et catholiques avaient engagé le dialogue depuis 40 ans et qu’ensemble ils avaient progressé dans l’amitié, la compréhension mutuelle et le respect. Durant cette longue marche, a-t-il affirmé, les catholiques ont aussi appris à respecter la prévenance des méthodistes quant à leur recherche d’une sainteté personnelle et sociale et leur engagement dans la mission centrée sur la proclamation de l’Evangile. Cette déclaration commune est une des “grandes réalisations” du dialogue ocuménique des Eglises d’Occident, a-t-il expliqué, alors que ces problèmes ont divisé les chrétiens pendant cinq siècles.

Le Conseil méthodiste mondial, dans sa propre déclaration, s’est dit heureux de la déclaration conjointe des Eglises catholiques et luthériennes signée en 1999. Sa déclaration précise : “Nous déclarons qu’une compréhension commune de la justification telle qu’elle est exposée dans la déclaration conjointe correspond à la doctrine méthodiste”. Il affirme également que : “Ensemble, les méthodistes confessent que par la seule grâce, dans la foi au salut du Christ et non par nos propres mérites, nous sommes reconnus de Dieu et recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cours, tout en nous fortifiant et en nous appelant à faire le bien”.

L’évêque Sunday Mbang, un Nigérien, président du Conseil méthodiste mondial a déclaré à des journalistes, le 23 juillet : “Nos Eglises sont devenues une de par la grâce de Dieu”. Il a exprimé également l’espoir que “toutes les Eglises soient bientôt une”, ajoutant que, quoique les églises protestantes soient nombreuses, “je prie pour que toutes nous suivent”.

Durant le service ocuménique de prière, les participants ont récité la prière du Seigneur et le credo chacun dans sa langue. Ils ont aussi quêté pour envoyer des fonds aux victimes des tremblements de terre, du tsunami du 17 juillet en Indonésie et des inondations en Corée du sud à la mi-juillet.

Um Mary, la secrétaire générale du Bureau des laïcs et de l’action sociale de l’Eglise méthodiste de Corée a souligné devant les journalistes, le 23 juillet, que “vivre” sa foi va de pair avec les bonnes actions et que les méthodistes n’ont pas de problèmes en adoptant la déclaration conjointe. Elle a ajouté que le fondateur de l’Eglise méthodiste, John Wesley, quant à lui, insistait sur la spiritualité personnelle et le salut du prochain. “Mais la plupart de nos fidèles laïcs ne sont pas habitués à ce genre d’accord conjoint a-t-elle admis, “Ils se contentent de suivre l’enseignement de base, parce qu’ils croient que c’est une bonne doctrine puisque de grands théologiens y ont travaillé depuis longtemps”.