Eglises d'Asie

Au congrès des jeunes catholiques de la région nord, l’actualité du pays a été au cour du dialogue entre les participants et les évêques

Publié le 18/03/2010




Selon des informations recueillies (1) après le Congrès des jeunes catholiques du Nord à Xa Doai dans le diocèse de Vinh, du 9 au 10 août, une certaine liberté d’expression s’est manifestée au cours du dialogue entre les jeunes venus particulièrement nombreux cette année et les sept évêques présents. Des sujets aussi sensibles que la comparaison entre systèmes sociaux et politiques différents, la liberté religieuse et l’adhésion au Parti communiste y ont été soulevés. Les réponses données par les évêques animateurs de groupes ont été franches et sans détour.

Dans le groupe animé par l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngô Quang Kiêt ; une question avait été posée, demandant quels étaient les sujets sociaux qui devaient préoccuper la jeunesse chrétienne aujourd’hui. L’archevêque a d’abord énuméré une série de scandales sociaux qui ont fait la une de l’actualité récente, les affaires de corruption dont on a beaucoup parlé au début de l’année, la fraude qui a entaché les derniers examens, les mours particulières de certains enseignants de haut niveau. Il s’est ensuite livré à une analyse en profondeur de la société vietnamienne d’aujourd’hui. Décrivant les différentes tendances qui la traversent, comme le besoin de consommer, l’individualisme, le relativisme ou encore le matérialisme, Mgr Kiêt a mis en relief les aspects positifs et négatifs de ces diverses orientations. De la même façon, il a mis en lumière l’ambiguïté inhérente au système économique récemment associé au socialisme vietnamien, à savoir l’économie de marché. Celle-ci permet aux citoyens de se lancer dans les affaires, et de contribuer à l’édification économique du parti, mais en même temps elle les persuade que seules les valeurs matérielles sont respectables.

Interrogé sur la liberté religieuse, l’évêque récemment nommé de Thanh Hoa, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, a répondu d’abord qu’elle était inhérente à tout être humain. Cependant, a-t-il ajouté, au Vietnam cette idée de liberté religieuse était à peine mise en ouvre après des années de tension entre le gouvernement et l’Eglise en raison de l’idéologie, de la guerre et de complications historiques. En ce domaine, a-t-il ajouté, l’Eglise n’a pas l’intention de s’opposer au gouvernement mais d’appeler celui-ci au respect de ce droit fondamental. Comme un jeune chrétien lui demandait si un chrétien pouvait adhérer au Parti communiste, il s’est contenté de répondre que le fait de rejoindre ou non le Parti communiste est une affaire personnelle. Mais l’Eglise rappelle au jeune chrétien qu’il doit s’interroger sur le nouvel environnement ainsi choisi et se demander s’il menace ou non sa foi. C’est la foi qui compte avant tout, a conclu Mgr Linh.

Les autres évêques présents au Congrès des jeunes catholiques, en répondant aux questions, ont abordé d’autres thèmes de l’actualité vietnamienne. Ainsi l’évêque de Hai Phong, Mgr Vu Van Thiên, s’est appliqué à décrire l’attitude de la jeunesse vietnamienne à l’égard de l’Eglise. Si elle s’en écarte parfois, a-t-il dit, c’est souvent parce qu’elle cherche de nouvelles manières de vivre sa foi, dans le respect de la justice, l’amour du prochain et l’engament social.