Eglises d'Asie

Chhattisgarh : le gouvernement local renforce la loi anti-conversion mais autorise les conversions à l’hindouisme

Publié le 18/03/2010




Le 3 août dernier, au centre est de l’Inde, le gouvernement du Chhattisgarh qui appartient au BJP (Bharatiya Janata party, le Parti du peuple indien) a voté un texte venant renforcer la loi anti-conversion en vigueur, tout en autorisant les conversions à l’hindouisme.

La “Loi du Chhattisgarh sur la liberté religieuse 2006” prévoit d’une part que les personnes ayant procédé à des conversions dans les termes de la loi de 1968 sont passibles de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 20 000 roupies (près de 335 euros), et d’autre part que toute demande de changement de religion doit être soumise à l’autorisation du magistrat local 30 jours à l’avance, ce dernier étant libre d’accepter ou de refuser.

L’Etat de Chhattisgarh, détaché du Madhya Pradesh en novembre 2000, a continué d’appliquer la loi sur les conversions en vigueur dans l’Etat dont il est issu. Cette loi, adoptée en 1968 et intitulée “Loi sur la liberté religieuse” interdisait les conversions obtenues de force ou par promesse de subsides financiers et exigeait que chaque conversion volontaire soit enregistrée auprès du magistrat du district dans les sept jours qui suivaient (1).

Mgr Paul Toppo, évêque de Raigarh au centre est de l’Etat, a rapporté à l’agence Ucanews que le projet de loi n’avait pas été publiquement débattu et que le gouvernement avait voté la loi “à la hâte “Bien qu’il y ait eu des commentaires dans la presse a posteriori, l’Eglise ne s’est pas exprimée car des protestations auraient été interprétées comme étant la preuve de notre implication dans des activités de conversion auprès des aborigènes et des plus démunis a-t-il ajouté en précisant que cette loi semble discriminatoire puisqu’elle permet aux chrétiens de devenir hindous mais qu’elle interdit aux hindous de devenir chrétiens.

Le pasteur pentecôtiste Nelson Daniel, président de l’Association des pasteurs de Bhilai, partage son point de vue et l’association a d’ailleurs condamné la nouvelle loi qui, selon elle, est “anticonstitutionnelle” puisqu’elle va à l’encontre de la liberté religieuse garantie par la constitution de l’Union Indienne. D’après Nelson Daniel, le BJP soutiendrait le mouvement Ghar Vapasi (‘Retour à la maison’) qui a pour but de convertir les chrétiens aborigènes à l’hindouisme (2).

Cinq Etats de l’Union indienne ont adopté une loi anti-conversion : l’Arunachal Pradesh, le Chhattisgarh, le Madhya Pradesh, l’Orissa et le Gujarat, ce dernier ne l’ayant pas publiée dans le Journal officiel. En juin dernier, le gouvernement du Rajasthan avait présenté un projet de loi similaire, qui n’avait pas été ratifié (3).