Eglises d'Asie

Deux chrétiens protestants et un dissident politique bénéficient de l’amnistie accordée à l’occasion de la fête nationale du 2 septembre

Publié le 18/03/2010




Chaque année, à l’occasion de la fête nationale, un certain nombre de détenus bénéficient d’une libération anticipée. Cette année où l’on commémore le 61e anniversaire de la déclaration d’indépendance du 2 septembre 1945, l’amnistie a été annoncée le 13 juillet dernier et confirmée le 28 août, par une décision signée du président Nguyên Minh Triêt et du secrétaire d’Etat à la Sécurité. 5 313 prisonniers ayant donné des preuves de “bonne conduite” en bénéficieront, tandis que 30 condamnés n’ayant pas encore commencé à purger leur peine obtiendront une grâce présidentielle. Les représentants des organisations des droits de l’homme et de certaines instances internationales ont identifié, parmi les prisonniers amnistiés, trois personnes détenues pour dissidence politique ou religieuse. Il s’agit du très connu cyber-dissident, le docteur Pham Hông Son, du pasteur protestant, d’ethnie H’mông, Ma Van Bay et d’un militant chrétien d’ethnie Ede, Y’Oat Nie.

On connaît peu de détails sur la personnalité et les raisons de l’internement d’Y’Oat Nie. On sait seulement qu’il avait été arrêté le 10 septembre 2002 et avait été condamné à cinq ans de prison, qu’il purgeait dans le fameux camp de détention appelé “Ba Sao” situé dans la province de Ha Nam. Son nom apparaît dans des listes de chrétiens prisonniers diffusées aux Etats-Unis par certaines Eglises protestantes (1), à côté de ceux de sept compagnons de la même ethnie, également arrêtés en septembre 2002, tous détenus dans le camp de “Ba Sao 

Le pasteur Ma Van Bay, arrêté et incarcéré depuis le mois de novembre 2003, fait partie des nombreux H’môngs des provinces du nord ouest du Vietnam, qui, au cours des années 1990, s’étaient convertis au christianisme en écoutant les émissions évangéliques de la “Far East Broadcasting Company” (FEBC) diffusant en 160 langues dont le h’mông. Dans cette nouvelle communauté chrétienne en croissance, il ne tarda pas à devenir une personnalité influente. Accusé par les autorités de soutirer de l’argent à ses concitoyens, de pratiquer et propager une religion illégale, avec des milliers d’autres chrétiens H’môngs, il fut obligé de s’enfuir dans la région du centre où il devint rapidement le principal dirigeant de sa communauté. Arrêté le 17 novembre 2003 dans la province de Binh Phuoc, il fut rapidement transporté dans sa province d’origine de Ha Giang. En 2004, il était jugé et condamné à six ans de prison.

Le docteur Pham Van Son est, sans conteste, le plus connu des prisonniers de conscience libérée à l’occasion de la fête nationale 2006. Jouissant du soutien et du patronage de très nombreux groupes internationaux, il était inscrit en premier sur la liste des opposants dont la diplomatie américaine demande la libération avec d’autant plus d’efficacité que les ambitions économiques actuelles du Vietnam l’obligent à satisfaire les volontés de la superpuissance. Il apparaît un peu comme la figure de proue de la dissidence vietnamienne. Médecin de formation, employé dans une firme de produits pharmaceutiques, il avait été arrêté le 27 mars 2002, à Hanoi, pour avoir diffusé sur Internet un article intitulé : “Qu’est-ce que la démocratie ? qu’il avait lui-même trouvé sur le site du département d’Etat américain. Il avait été condamné à treize ans de prison en juin 2003 pour espionnage. Sa peine avait ensuite été réduite en appel à cinq ans de détention. Une campagne internationale pour sa libération avait été lancée, à laquelle son épouse, restée sur place, a pris une part active.

Les réactions internationales à cette amnistie du 2 septembre sont, d’une manière générale, favorables, à l’exemple de celle de l’ambassadeur des Etats-Unis, qui affirme que le régime ouvre peu à peu un espace à la discussion politique, même si cette évolution est loin d’être régulière. Cependant, la plupart des observateurs voient dans ces dernières libérations des mesures de circonstance qui n’indiquent pas forcément un changement de cap. Ils rappellent notamment que deux des dissidents dont la libération était demandée par les Etats-Unis sont encore en camp, Nguyên Van Binh et Phan Van Ban. Par ailleurs, les nouveaux libérés resteront soumis à la résidence surveillée pendant trois ans, comme beaucoup d’autres anciens détenus. On souligne aussi que la répression policière contre les opposants politiques continue de sévir. En témoignent les efforts actuels de la Sécurité pour empêcher la parution d’une revue intitulée “Liberté démocratique