Eglises d'Asie

Le cardinal archevêque de Hô Chi Minh-Ville appelle les catholiques à ne pas marginaliser les très nombreuses personnes atteintes du sida

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre pastorale publiée le 20 juin 2006 (1), le cardinal Pham Minh Mân, archevêque de Hô Chi Minh-Ville, exprime son inquiétude et celle des responsables de la communauté catholique devant le développement actuel de l’épidémie du sida dans l’archidiocèse comme dans tout le pays. Il lance en même temps, un appel particulièrement ardent aux chrétiens en leur demandant de savoir se rapprocher des victimes de ce fléau moderne, de vivre avec eux et de ne pas les laisser seuls avec leurs souffrances.

La progression régulière de l’épidémie au Vietnam, malgré tous les efforts tentés pour les divers services concernés pour lui faire obstacle, préoccupe l’archevêque. Sans s’attarder dans le détail des statistiques, il cite des chiffres récemment publiés par les services de santé nationaux. Le nombre de personnes atteintes par le virus du sida à Hô Chi Minh-Ville dépasse aujourd’hui le chiffre de 30 000 et le nombre de séropositifs qui contractent la maladie augmente à une vitesse de plus en plus rapide. On peut considérer qu’au Vietnam une famille sur soixante voit l’un de ses membres touché par ce fléau.

A la fin de la lettre, le cardinal rendra un vibrant hommage, comme il l’a déjà fait en d’autres occasions, au personnel d’Eglise et aux chrétiens responsables de groupes et d’institutions spécialisées dans l’aide aux malades du sida et aux multiples initiatives prises par eux en ce domaine. Il signale même la publication par le diocèse d’un petit livre de témoignages, intitulé « Témoignages d’amour et de service Mais le message de Mgr Mân semble surtout viser l’ensemble des chrétiens pour les détourner d’une attitude qui consisterait à s’écarter le plus possible de ces malades, à les marginaliser et à favoriser ainsi leur isolement hors de la société et des liens familiaux. En s’inspirant de l’exemple du Christ à l’égard des pécheurs et des malades dans l’évangile, il s’applique à dessiner un véritable comportement chrétien à l’égard des victimes du fléau.

C’et ainsi que le cardinal insiste, en premier lieu, pour que les malades du sida ne soient pas écartés de leur communauté familiale. Les séropositifs doivent pouvoir vivre normalement dans leurs familles. Il souligne qu’il n’y a pas de risque de contamination moyennant certaines précautions. Il en est de même pour leur vie au sein de la communauté catholique, une communauté dont ils ont particulièrement besoin pour leur vie spirituelle et sacramentelle. En fin de compte, c’est une véritable convivialité que, selon leur pasteur, les chrétiens de Hô Chi Minh-Ville doivent savoir manifester à l’égard des séropositifs et des malades du sida.

Peu après la lettre du cardinal archevêque de Hô Chi Minh-Ville, des statistiques relevées par de grands organismes internationaux et rendues publiques par la presse nationale sont venues confirmer l’inquiétude manifestée par le responsable de la communauté catholique. La plupart des journaux vietnamiens ont repris les conclusions d’une étude réalisée par un organisme américain, le « Center for strategic and international studies » (CSIC) au début de l’année et diffusée par UN-AIDS Vietnam, le 19 juillet dernier (2). Le rapport affirme que l’épidémie n’en est encore qu’à sa phase initiale. Déjà, chaque année, 39 000 nouveaux séropositifs s’ajoutent aux anciens. Leur nombre total actuel est estimé à 300 000, dont une majorité appartient à trois groupes à haut risque, les personnes utilisant de la drogue, les prostituées et les homosexuels. La même étude précisait que Hô Chi Minh-Ville arrivait en tête pour le pourcentage de personnes contaminées par le virus du sida (1,2 % de la population), suivi par Hai Phong (1,1 % de la population) et enfin Hanoi (0,7 %).