Eglises d'Asie

Les relations entre le bouddhisme unifié et les autorités régionales s’enveniment encore

Publié le 18/03/2010




Selon une information diffusée par le Bureau international d’information bouddhiste (1), le 3 et le 5 août dernier, dans la nuit, des individus ont pénétré dans les locaux de la pagode de Phuoc Buu, dans le district de Xuyên Môc, province de Va Ria – Vung Tau, et ont tenté d’y mettre le feu. Cette pagode est la résidence de deux religieux membres de la délégation régionale du Bouddhisme unifié qui refuse de se soumettre au patronage du Front Patriotique du Vietnam. Depuis la création de la délégation, au mois de septembre 2005, la pagode est la cible de diverses interventions de police visant à empêcher ses activités et à interdire aux religieux d’exercer les fonctions qui leur ont été confiées. Dans ce contexte, certains observateurs voient, derrière ce dernier incident, une nouvelle manouvre d’intimidation.

C’est un jeune pensionnaire de la pagode de Phuoc Buu, qui, dans la nuit du 3 août, vers 4 heures du matin, a découvert devant la chambre du vénérable Thich Vinh Phuoc, membre de la délégation régionale un jerricane d’essence, sur lequel se consumait une mèche posée sur un support d’allumettes. Elle fut éteinte aussitôt. Dans la nuit du 5 août, vers une heure du matin, les résidents de la pagode ont été réveillés par, trois foyers d’incendie qui se sont déclarés en même temps. Le feu a pu être réprimé par le personnel de la pagode et les voisins appelés en renfort. Par la suite, on découvrit quatre bouteilles d’essence et un jerricane de cinq litres muni du même dispositif que celui de la nuit précédente, posé devant la chambre du principal membre de la délégation régionale ; le vénérable Thich Thanh Tinh, qui a déjà passé de nombreuses années en prison et qui semble ainsi être visé directement dans cet attentat.

Pour le moment les auteurs de ces incendies ne sont pas connus avec certitude. Cependant, le personnel de la pagode s’étonne de l’indifférence et de l’inefficacité de la police locale au moment des faits. A aucun moment, les agents de la sécurité ne sont venus participer aux secours durant la nuit du 5 août. Par ailleurs, la sécurité qui a un poste tout près de la pagode et surveille sans discontinuer les allées et venues n’a rien remarqué de suspect la nuit de l’incendie. Un agent était même venu sur place cette nuit là pour vérifier le “hô khâu certificat de résidence d’un des religieux.

Si les soupçons actuels se confirmaient, cette nouvelle agression s’ajouterait à une série d’interventions policières qui se sont succédées depuis la création, le 19 septembre 2005, de la délégation régionale du bouddhisme unifié pour la région de Ba Ria – Vung Tau. Des tentatives ont été faites pour isoler les membres de la délégation, les uns des autres. Le jour de la fête du Phât Dan (Vesak), célébrée partout, cette année, en grande pompe, les autorités régionales ont refusé à la Pagode de Phuoc Buu de célébrer les cérémonies et ont empêché les fidèles de venir y participer. La police a également empêché, par ses manouvres, le déroulement des fêtes de fin d’année lunaire, le 11 janvier dernier. Par ailleurs, les autorités régionales ont fait pression sur l’Eglise bouddhiste patronnée par l’Etat pour que celle-ci accapare la pagode neutralisant ainsi la délégation (2).

Les relations entre les autorités et les autres délégations régionales du Bouddhisme unifié au sud et au Centre sont loin d’être meilleures. Dans la province de Khanh Hoa, une religieuse bouddhiste, Thich Nu Thông Mân, appartenant à la délégation provinciale a été expulsée de sa pagode de Dich Quang, le 1er juin 2006, après avoir été la cible d’une série de manifestations violentes soutenues par les autorités régionales. Une lettre de protestation à ce sujet, envoyée aux autorités suprêmes du pays par la seconde plus haute personnalité du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô, n’a pas encore reçu de réponse.