Eglises d'Asie – Vietnam
Cân Tho : un évêque et son clergé exigent des autorités la restitution d’une église confisquée en 1975
Publié le 18/03/2010
Cette fois-ci, le ton est monté. Dans une lettre adressée le 1er juillet dernier au Premier ministre et signée par lui et 124 prêtres du diocèse (2), Mgr Thuân affirme être au courant des intentions des autorités d’édifier un établissement éducatif sur une propriété d’Eglise. Il leur demande de mettre un terme immédiat aux travaux entamés. Au cas où les constructions continueraient, affirme l’évêque, “tout le peuple chrétien de la province de Bac Liêu se verrait obligé de prendre des mesures susceptibles de s’y opposer et de protéger une propriété légale de l’Eglise, édifiée grâce au travail et à la sueur de l’ensemble des fidèles de la communauté catholique de Bac Liêu”.
Dans la lettre de l’évêque, qui était accompagnée d’une lettre d’explication du curé doyen de Bac Liêu à l’intention des fidèles, la position de l’Eglise sur ce sujet est expliquée et justifiée. L’église Notre-Dame de l’Assomption est située à Bac Liêu, importante ville, chef-lieu de la province du même nom. Ouverte aux fidèles en 1963, l’église a accueilli les activités religieuses des catholiques du lieu jusqu’au 27 juin 1975, date à laquelle était encore célébrée une cérémonie de première communion. Personne ne peut nier le caractère religieux de ce bâtiment, précise la lettre, qui ajoute que même l’administration locale l’appelle “église” dans le texte où elle la revendique comme propriété d’Etat. En 1963, l’église a été enregistrée par l’administration de l’époque comme propriété du diocèse de Cân Tho, une propriété que l’évêque et les prêtres ne font que gérer et dont ils ne peuvent disposer à leur guise.
L’évêque de Cân Tho proteste avec vigueur contre l’allégation du gouvernement selon laquelle, à l’époque, le P. Nguyên Van Nhi aurait, au nom du diocèse, cédé le bâtiment et le terrain de l’Eglise au pouvoir révolutionnaire. Il est vrai, dit-la lettre, qu’après le mois d’avril 1975, le diocèse a transmis au nouveau pouvoir un certain nombre d’établissements d’éducation et d’aide sociale, dont est énumérée la liste. L’église de l’Assomption n’en fait pas partie. Le P. Nguyen Van Nhi n’a pris à son sujet aucune décision. Il a simplement été invité par le Comité militaire de gestion (1) où on lui a signifié que l’église était prise en charge par les autorités et qu’il fallait transporter ailleurs la totalité de l’équipement. De plus, aucun document écrit ne témoigne de la cession volontaire de l’église aux autorités de l’époque par les responsables ecclésiastiques. La lettre s’appuie ensuite sur le premier texte législatif réglementant les activités religieuses, le décret 111/CP du 14 avril 1977, et montre que, si l’Etat a toujours garanti l’existence et le fonctionnement des lieux de culte, jamais il ne s’est donné le droit de les confisquer et de les utiliser à un autre usage que l’usage religieux.