Eglises d'Asie – Timor Oriental
En vue des prochaines élections législatives, l’Eglise catholique et différentes organisations non gouvernementales ont été consultées au sujet de la future loi électorale
Publié le 18/03/2010
La rencontre avait été organisée par la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Baucau, en lien avec populaire du Timor-Oriental, une organisation indépendante spécialisée dans le suivi et l’analyse des orientations du gouvernement, Caucus, une organisation locale qui s’occupe d’éducation civique ainsi que Fontil, un centre de recherches indépendant.
Les élections législatives sont prévues pour le milieu de l’année prochaine ainsi que des élections présidentielles. Les électeurs voteront pour les candidats d’un parti et la représentation au sein de l’unique chambre du Parlement correspondra au pourcentage des votes obtenus par le parti. Toutefois, la loi électorale n’existe pas encore.
Le gouvernement actuel avait été élu au cours d’élections démocratiques sous tutelle des Nations Unies, le 30 août 2001, neuf mois avant que le Timor-Oriental ne jouisse d’une pleine indépendance, le 20 mai 2002 (1).
Au cours des débats du 23 août, deux propositions de loi électorale ont été présentées, l’une par le Fretilin (2) et l’autre par les partis d’opposition. Les différences portent en premier lieu sur la représentation féminine. Le Fretilin demande qu’il y ait une femme parmi les cinq premiers candidats de la liste sans insister davantage sur le nombre des candidates, tandis que l’opposition demande une femme pour cinq candidats.
Le seuil minimum fixé à 5 % de l’ensemble des votes pour qu’un parti puisse siéger à l’Assemblée ne satisfait pas Joao Goncalves, membre du Parlement actuel pour le Parti social-démocrate, qui estime qu’une telle mesure empêcherait la représentation des petits partis au Parlement. « Ce que nous voulons, c’est une représentation proportionnelle a-t-il insisté.
Cipriana Pereira, député et membre du Fretilin, a défendu les propositions de son parti et considère les débats sur la loi électorale comme une première étape entre les différentes organisations. D’ailleurs, a-t-elle admis, « certaines sections des propositions du Fretilin pourraient très bien être amendées, mais pas toutes, bien sûr ».
Le P. Deonisio Sarmento, coordinateur du ministère de la Jeunesse à Baucau, a soulevé le problème du décompte des voix. Le Fretilin propose que tous les bulletins de vote soient rassemblés et comptés dans les chefs-lieux de district, alors que l’opposition souhaite qu’ils soient comptés immédiatement pour éviter toute manipulation.
Le P. Sarmento a, quant à lui, suggéré que le décompte des bulletins de vote soit fait en présence des électeurs et des observateurs, dès la clôture des bureaux de vote. Selon lui, des échanges comme celui de Baucau peuvent aider à trouver des alternatives acceptables pour tous. L’Eglise et les groupements citoyens sont concernés par cette mise en ouvre de la loi électorale et le plus important, dit-il, est qu’elle soit juste et transparente.
Albino de Silva Savier, un représentant des anciens guérilleros qui ont combattu pour l’indépendance du Timor-Oriental contre l’Indonésie, voit dans ces échanges une excellente opportunité pour les responsables politiques d’écouter ce que la population a à dire. « Je suis content de pouvoir participer à ces débats. C’est une bonne chose pour le pays a-t-il déclaré aux journalistes, le 23 août.
Divisions et tensions intercommunautaires au sein de la société est-timoraise ne sont pas encore tout à fait apaisées. Certaines sont en effet réapparues ces derniers mois et les affrontements, les pillages et les incendies qui ont duré plusieurs semaines ont fait au moins 20 morts et 100 000 déplacés (3). La violence a éclaté après que l’ancien Premier ministre Mari Alkatiri ait brutalement licencié le tiers de l’armée, les soldats licenciés originaires de l’est du pays se plaignant des préventions des militaires à leur égard. Fin juin, sous la pression populaire, Mari Alkatriri a démissionné.
Le 25 août dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé l’envoi d’une mission internationale de police de 1 600 hommes et de 34 officiers de liaison pour participer à la stabilisation de cette nouvelle nation, avant les élections présidentielles et législatives. Après l’évasion massive de 57 prisonniers – dont un chef rebelle -, l’Australie, qui disposait déjà d’un contingent de 930 militaires et de 57 policiers – après y avoir dirigé une force internationale de 2 500 soldats chargés de ramener le calme après les émeutes du mois de mai -, a annoncé, le 7 septembre 2006, l’envoi d’un renfort de 120 militaires, en attendant l’arrivée du contingent onusien.