Eglises d'Asie

Jharkhand : six personnes d’une même famille, accusées de sorcellerie, ont été massacrées

Publié le 18/03/2010




Dans le nord-ouest de l’Etat du Jharkhand, six membres d’une même famille du village de Shivadigha, dans le district de Palamu, ont été poignardés et jetés dans un fleuve, le 27 août dernier, après avoir été accusés de sorcellerie. “L’assassinat de femmes accusées de sorcellerie devient un problème majeur dans l’Etat du Jharkhand a confié le ministre des Ressources en eau, ajoutant que la police de l’Etat avait enregistré 190 meurtres liés à des accusations de sorcellerie ces cinq dernières années, dont 22 en 2006. “Personne ne sait quand une femme sera accusée et tuée a-t-il précisé.

D’après Poonam Toppo, membre du Comité d’entraides juridiques, situé à Ranchi, capitale de l’Etat, les meurtres de Shivadigha sont une première en ce sens que, pour la première fois, un homme a été tué pour sorcellerie. Il estime que les statistiques officielles sous-estiment le nombre d’assassinats liés à ce genre d’accusations, car beaucoup de meurtres ne sont pas répertoriés auprès de la police.

Selon les propos recueillis par la police auprès de Dinesh, le fils rescapé de la tuerie, l’auteur des crimes, Lalan Paswan, toujours en fuite, aurait accusé son père de sorcellerie après que la mère de Lalan soit décédée et que deux de ses filles soient tombées malades.

Pour Poonam Toppo, les accusations de sorcellerie sont liées à l’activité des chamans. Lorsqu’un membre de la famille d’un villageois est malade, les chamans accusent parfois une veuve ou une femme de basse caste de sorcellerie. La femme “est battue, torturée et beaucoup meurent à la suite de leurs blessures”.

D’après le cardinal Toppo, archevêque de Ranchi (1), qui a condamné ces assassinats, les accusations de sorcellerie sont moins fréquentes dans les villages où les chrétiens sont en nombre conséquent. “Dans beaucoup de cas, c’est le village entier qui participe à la destruction de la maison de la femme accusée de sorcellerie. Parfois, des personnes influentes accusent quelqu’un et, selon un rituel complexe, lui saisissent ses terres. Une fois qu’une femme est accusée, elle devient responsable de tous les maux et de toutes les catastrophes du village précise Sr Anne Moyalan, qui a travaillé pendant plus de dix ans auprès des femmes aborigènes du district Singhbhum-Ouest, dans le sud du Jharkhand. Selon Sr Anne Moyalan, ce genre d’incidents a surtout lieu dans les régions reculées et pauvres de l’Etat.