Eglises d'Asie – Philippines
En paroisse, préparer ensemble les baptêmes de son enfant devient pour les parents une véritable école de la foi
Publié le 18/03/2010
A St Isidro, ces sessions ont lieu le samedi. Entre un et sept enfants sont en effet baptisés chaque dimanche dans cette paroisse de 35 000 fidèles. Une catéchiste, Marilyn Villarosa, sait d’expérience que ces invitations aux sessions de préparation sont autant d’opportunités pour un renouvellement de la foi des adultes et une main tendue à ceux qui se sont écartés de l’Eglise ou y sont indifférents.
Les participants reconnaissent spontanément combien leur participation à une de ces sessions a été bénéfique pour eux. Cindy et Lloyd Aranas pensaient que leur responsabilité de parrain et de marraine se limitait à donner des jouets ou de l’argent de poche à leur filleul à certaines occasions de sa vie. La session leur a rappelé qu’ils s’engageaient à lui servir de « modèle ».
Le P. Eric Salazar, curé de St Isidro, rappelle les directives de la Conférence des évêques catholiques des Philippines sur le choix des parrains et marraines. Ils doivent être catholiques, âgés d’au moins 18 ans, avoir reçu les sacrements de l’eucharistie et de confirmation et vivre leur foi chrétienne. Le prêtre désapprouve la tradition qui veut que l’enfant soit doté de plus de deux couples de parrains et marraines ou encore de « multiples parrains » (bienfaiteurs). Une tradition qui cache la véritable finalité du parrainage : choisir des personnes fiables, capables de conduire l’enfant vers Dieu. Le P. Salazar regrette aussi que des parents associent le nombre des parrains et marraines à la quantité de cadeaux que l’enfant pourra recevoir à Noël.
Les préparations au baptême essaient également de lutter contre les superstitions liées au baptême. Par exemple, la croyance populaire qui affirme que porter l’enfant hors de l’église immédiatement après le rite du baptême lui sera un gage de bonheur. Quelques-uns croient aussi que le baptême guérira ou protégera l’enfant de la maladie.
Le P. Salazar explique aux parents que le baptême n’est pas « un rite magique » qui guérit ou protège de la maladie. Néanmoins, reconnaît-il, de par la grâce du baptême qui unit au Christ celui qui le reçoit, le sacrement peut avoir des effets thérapeutiques. Mais il insiste pour dire que ces sessions de préparation au baptême sont faites avant tout pour rappeler aux parents chrétiens que le baptême requiert de leur part « un vrai désir d’éduquer leur enfant dans la religion catholique avec l’aide du parrain et de la marraine.
Les préparations au baptême en vigueur dans le diocèse de Paranaque font suite à une recommandation du second Concile plénier des Philippines de 1991, promulguées avec l’approbation du Vatican en 1992. Elle demandait que les parents, les parrains et marraines suivent les sessions de préparation au baptême et à la confirmation de leur filleul.
Pourtant, le Catéchisme pour les catholiques des Philippines, publié plus tard, reconnaît que ces recommandations rencontrent des difficultés dans leur mise en application à cause « du nombre important d’enfants à baptiser » dans un certain nombre de paroisses ainsi que du manque de personnes qualifiées.
Le contenu de ces sessions de préparation dépend des paroisses. Des petits livrets sont utilisés par certaines et mis à la disposition des participants. D’autres paroisses utilisent un support visuel et d’autres encore miment une cérémonie de baptême. A St Isidro, les participants reçoivent un certificat attestant leur participation à la préparation, mais personne ne se voit refuser le baptême à cause d’une absence. Dans cette paroisse, entre 25 et 30 enfants sont baptisés chaque mois. En revanche, seuls 11 baptêmes d’adultes ont été enregistrés sur les six premiers mois de l’année.