Eglises d'Asie

Jharkhand : l’assassinat de sept aborigènes, dont quatre catholiques, est attribué à des membres d’une organisation hindouiste

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Jharkhand, le 18 septembre dernier, l’assassinat de sept aborigènes, dont quatre catholiques, lors d’un rassemblement de près de 1 500 aborigènes à Kurkura Tetartoli, dans le district de Gumla, a été attribué à des membres du Shanti Sena (‘L’armée de la paix’, organisation hindouiste), qui ont ouvert le feu pendant la réunion. Cette rencontre, qui avait pour but d’éviter les fréquents harcèlements et attaques dont sont victimes les aborigènes de la part du Shanti Sena, a également fait dix-huit blessés.

Selon l’avis général, ces violences ne sont pas sans lien avec la défaite, quatre jours plus tôt, de la coalition gouvernementale dirigée par le BJP (Bharatiya Janata Party), le parti nationaliste hindou, et la nomination d’une nouvelle coalition, ces événements politiques ayant été particulièrement bien accueillis par l’Eglise locale, majoritairement composée de populations aborigènes.

Selon Niel Tirkey, député de l’Etat, le Shanti Sena “n’est rien d’autre qu’une appellation différente” d’un groupe fanatique hindou connu dans le pays “qui s’est formé avec le soutien de la coalition gouvernementale du BJP.”

Le Parti du Congrès, auquel appartient Niel Tirkey, fait partie de la nouvelle coalition gouvernementale de l’Etat. Il est le principal parti rival du BJP, qui a récemment perdu le pouvoir lorsque trois députés indépendants, dont un chrétien, ont retiré leur soutien à la coalition qu’il dirigeait. “Avec la chute du BJP, les militants du Shanti Sena risquent de se déchaîner, particulièrement en perpétrant des attaques contre les églises et les prêtres catholiques, qu’ils considèrent comme étant responsables de la chute du gouvernement a ajouté Niel Tirkey.

Selon ce dernier, le Shanti Sena est un groupe de militants de hautes castes qui ne souhaitent pas voir les populations aborigènes se développer économiquement et socialement. L’ancien gouvernement a d’ailleurs aidé le groupe à obtenir “la signature d’importants contrats de développement” pour des montants colossaux et “l’obtention de permis de port d’armes prétendument pour lutter contre les rebelles maoïstes dans les villages.

Pour le député du Parti du Congrès, les membres du Shanti Sena ont été impliqués dans différents assassinats, attaques, menaces et extorsions de fonds contre les populations aborigènes et sont également responsables de plusieurs meurtres, dont celui du P. Ignatius Bara, prêtre aborigène du diocèse de Simdega, égorgé en septembre 2005 (1).

Mgr Telesphore Placidus Toppo, archevêque catholique de Ranchi, a confié à l’agence de presse Ucanews, qu’avec la récente défaite du BJP, il “craint des attaques antichrétiennes” et qu’il est nécessaire “d’être très prudent en espérant que “le nouveau gouvernement s’attaquera à ce problème avec circonspection et efficacité.”

Madhu Koda, ministre-président de l’Etat depuis le 18 septembre 2006, s’est rendu sur les lieux de l’attaque, à Kurkura Tetartoli, le lendemain de son investiture, où il a annoncé la mise en place de “mesures sévères “Dorénavant, aucun criminel ne pourra bénéficier de la protection du gouvernement ni de celle de ses annexes, comme ce fut le cas auparavant a-t-il précisé aux villageois. Selon Madhu Koda, qui a promis de verser 300 000 roupies (plus de 5 000 euros) aux familles des personnes assassinées ainsi que l’octroi d’un emploi administratif à un membre de leur famille, ces violences ont été orchestrées pour déstabiliser la nouvelle coalition gouvernementale.

Le même jour, près de 10 000 personnes de quatorze villages différents, équipées de leurs armes traditionnelles, s’étaient rassemblées sur les lieux de l’attaque des sept aborigènes assassinés le jour précédent, pour dénoncer le BJP et le Shanti Sena.