Eglises d'Asie

Pour que les aumôniers soient davantage à l’écoute des détenus, l’archidiocèse de Séoul a réorganisé les aumôneries de prisons

Publié le 18/03/2010




L’archidiocèse de Séoul a réorganisé les aumôneries de prison en nommant un prêtre responsable à temps complet pour chaque unité pénitentiaire afin de lui permettre un meilleur suivi dans ses relations avec les détenus. “Nous avons maintenant un prêtre affecté à chaque prison et à chaque centre de détention et nous espérons ainsi passer d’une simple activité liturgique à un véritable service d’assistance socio-psychologique suivie a expliqué le P. Thomas Lee Young-woo, président de la Commission catholique de l’archidiocèse de Séoul pour la pastorale des prisons. Le P. Lee a précisé, le 8 septembre dernier, que “le système d’une aumônerie pour chaque unité pénitentiaire – centrale ou maison d’arrêt – est calqué sur ce qui se fait pour l’armée et les hôpitaux” (1).

Avec ce système de sectorisation, chaque prêtre est nommé à plein temps pour desservir une prison (centrale) ou une maison d’arrêt déterminée. Présent quotidiennement dans son secteur, il rencontre et conseille les détenus, célèbre l’Eucharistie et supervise le travail des bénévoles catholiques visiteurs de prison, a expliqué le P. Lee. Ce système permet aux aumôniers d’être plus proches des détenus, de partager leurs épreuves, de les aider à trouver une solution à leurs problèmes et d’assister les familles. “Ils pourront également prévoir des animations psychopédagogiques pour aider les détenus à développer leur confiance en eux et le respect de soi a-t-il encore précisé.

La Commission a introduit la sectorisation pour les aumôneries de prison le 1er septembre, quand le cardinal Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, a nommé deux nouveaux prêtres à cette Commission. Jusqu’à ce jour, il n’y avait que deux prêtres à plein temps pour l’ensemble du diocèse, dont le P. Lee, qui desservait à lui seul une prison et trois maisons d’arrêt à Séoul.

Au mois de mai dernier, la Commission avait envoyé une lettre, signée du cardinal Cheong, aux congrégations religieuses leur demandant des prêtres pour cette pastorale. “L’archidiocèse, en effet, n’a pas assez de jeunes prêtres depuis la création du diocèse d’Uijeongbu par partition de l’archidiocèse de Séoul, en 2004 a encore commenté le P. Lee (2). Deux congrégations, les jésuites et les franciscains conventuels (frères mineurs conventuels) ont répondu en déléguant chacune un de leur religieux.

Cependant, même avec deux aumôniers supplémentaires, ce système d’aumônerie de prison ne pourra pas être comparé à celui des hôpitaux ou de l’armée, les aumôniers de prison n’étant pas autorisés à rencontrer librement les détenus. Le P. Lee rappelle en effet qu’« un détenu doit obtenir l’autorisation des autorités pénitentiaires pour avoir un entretien avec un aumônier”. Et c’est là un point délicat, souligne le P. Anthony Kim Im-ki, le franciscain qui a récemment rejoint l’apostolat des prisons. “Nombreux sont les détenus à vouloir s’entretenir avec un aumônier, mais l’administration rejette la plupart de ces demandes précise-t-il. A ce sujet, Lee Yong-bae, du ministère de la Justice, explique qu’on ne peut pas autoriser les prêtres à visiter librement les détenus par respect pour “l’égalité des religions”. Si une religion y est autorisée, les autres demanderaient immédiatement le même privilège, précise-t-il, ce qui poserait un problème de sécurité (3).

Ancien secrétaire général de la Mission chrétienne auprès des détenus, un groupe protestant interconfessionnel, le pasteur Rhee In-cheol a déclaré approuver la nouvelle organisation prônée par le P. Lee et que des pasteurs protestants avaient déjà expérimentée. Mais, a-t-il déploré, les Eglises protestantes n’ont pas comme l’Eglise catholique une organisation et une administration financière centralisées, ainsi “les pasteurs travaillent individuellement, ce qui restreint leur influence 

Chez les bouddhistes, le Bureau des activités missionnaires de l’ordre Jogye, la tradition bouddhiste la plus importante de Corée, fait la même constatation. L’activité des moines auprès des détenus relève d’initiatives personnelles.

Enfin, en dehors de l’archidiocèse de Séoul, le P. Lee précise que seuls cinq autres diocèses catholiques sur l’ensemble du pays ont un prêtre délégué à plein temps au service des établissements pénitentiaires. Généralement, ce prêtre célèbre l’eucharistie une fois par semaines et assure des cours de catéchèse. Dans certains diocèses, c’est un des prêtres de la paroisse la plus proche de la prison ou de la maison d’arrêt qui visite les détenus une ou deux fois par mois et célèbre pour eux la messe.