Eglises d'Asie

Des responsables bouddhistes et chrétiens dénoncent l’essai nucléaire que la Corée du Nord dit avoir mené, tout en affirmant que des sanctions ne sont pas une réponse adéquate

Publié le 18/03/2010




Après l’annonce par la Corée du Nord d’un essai nucléaire mené le 9 octobre dernier à Hwadae, dans la province de Hamkyongbuk, près de la frontière avec la Chine populaire, la réaction de responsables religieux bouddhistes et chrétiens ne s’est pas fait attendre. De l’avis unanime, cet essai est la cause d’une grave inquiétude, mais les grandes puissances et la communauté internationale ne doivent pas pour autant penser que des sanctions économiques et militaires soient une réponse adéquate à la crise provoquée par cet événement.

Ainsi, le P. Paul Han Jung-kwan, secrétaire exécutif du Comité pour la réconciliation du peuple coréen, de la Conférence des évêques catholiques de Corée, s’est dit « choqué » par la nouvelle de l’essai. C’est un acte qui va contre la paix et l’ordre dans le monde et qui est contraire à l’Evangile, a-t-il estimé. S’interrogeant sur les répercussions auprès des Sud-Coréens de cet acte du régime nord-coréen, le prêtre a ajouté qu’il se pouvait qu’un sentiment défavorable à la Corée du Nord se répande parmi les catholiques et qu’en conséquence, le travail humanitaire que l’Eglise de Corée du Sud mène auprès des Nord-Coréens en soit rendu plus délicat (1). Pourtant, a-t-il expliqué, c’est maintenant, à l’heure où la Corée du Nord risque de se retrouver encore plus isolée sur la scène internationale et que sa population manque de tout, que l’Eglise se doit d’agir et d’établir un plan à long terme pour aider les Nord-Coréens (2).

Du côté de l’Association des prêtres catholiques pour la justice, organisation assez informelle de prêtres qui militent pour la démocratisation politique et sociale de la Corée du Sud (3), son président, le P. Simon Chun Jong-hun, a qualifié l’essai nord-coréen de « grande erreur ». Il a estimé que Pyongyang avait rompu l’accord sur la dénucléarisation de la péninsule. En 1991, la Corée du Sud et la Corée du Nord avaient signé une déclaration commune à ce propos (4). Toutefois, a ajouté le prêtre, les Etats-Unis ne doivent pas saisir le prétexte de cette crise pour lancer une opération militaire contre Pyongyang. « Le dialogue direct est la seule voie pour régler la question nucléaire a affirmé le P. Chun, pour qui l’essai nord-coréen constitue « certainement une crise » mais représente aussi une « chance pour progresser vers la paix ».

Au sein du Conseil national des Eglises (protestantes) en Corée, l’essai mené par Pyongyang est déploré car fauteur de crise, mais il est immédiatement affirmé que les Nations Unies ne doivent pas imposer des sanctions économiques ou militaires à la Corée du Nord. Le Conseil rappelle son soutien à la dénucléarisation de la péninsule et dénonce aussi l’ambiguïté des positions prises par la communauté internationale, laquelle, selon le Conseil, autorise le Pakistan à mener des essais nucléaires et à posséder l’arme nucléaire après que l’Inde ait procédé à ses propres essais, en mai 1998. Les responsables du Conseil appellent enfin le gouvernement sud-coréen à poursuivre son aide humanitaire à la Corée du Nord et à maintenir les échanges avec Pyongyang.

Pour le plus important ordre bouddhiste du pays, l’Ordre Jogye (Chogye), l’essai nord-coréen doit être « fortement » regretté. « La Corée du Nord doit tout d’abord admettre l’entière responsabilité de cet acte imprudent et accepter avec humilité les critiques de la communauté internationale. De plus, nous demandons à la Corée du Nord de cesser toute activité nucléaire et de se conformer à l’accord sur la dénucléarisation peut-on lire dans le communiqué publié le 9 octobre. L’ordre bouddhiste demande également au gouvernement sud-coréen de ne pas interrompre les contacts entre civils qui sont menés depuis plusieurs années entre les deux Corée, lesquels ont grandement contribué à la réconciliation entre les deux peuples.