Eglises d'Asie

Jammu-et-Cachemire : l’Eglise catholique s’implante dans la région majoritairement musulmane du Ladakh

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Jammu-et-Cachemire, à la frontière indo-pakistanaise, l’Eglise catholique s’implante depuis quelques mois dans la région du Ladakh, majoritairement musulmane. D’après le P. Joseph Kalathil, qui dirige la mission à Kargil, un district de l’Etat, “un grand travail a commencé humblement Selon le prêtre jésuite, l’Eglise a décidé de n’être propriétaire d’aucun terrain ni bâtiment aux alentours, car “des structures imposantes dans une région essentiellement pauvre et au climat hostile auraient pu être un obstacle à notre travail 

Près de 125 000 personnes, musulmans chiites pour la plupart, vivent dans cette région montagneuse isolée, située à deux jours de route de Jammu en empruntant des routes dangereuses et escarpées. En 1999, le district de Kargil a été l’épicentre d’un conflit militaire entre l’Inde et le Pakistan, une des quatre guerres au sujet du Jammu-et-Cachemire, le seul Etat majoritairement musulman de l’Union indienne, revendiqué par le Pakistan. Ces quinze dernières années, 80 000 personnes sont mortes du fait de cet affrontement entre les deux Etats.

Dans le district de Kargil, qui a subi d’importants bombardements de la part des forces militaires pakistanaises et est marginalisé du point de vue des aides gouvernementales indiennes, la population reste aujourd’hui “physiquement et psychologiquement traumatisée” et a besoin de “guérison explique le P. Joseph Kalathil, qui précise que l’implantation de l’Eglise catholique, en juillet dernier, a commencé à redonner de l’espérance à des milliers de villageois. Le prêtre espère bien pouvoir installer un poste de mission de manière permanente d’ici peu.

Tout a réellement commencé lorsque le diocèse de Jammu-Srinagar, qui couvre l’ensemble du territoire de l’Etat, a organisé, en lien avec les autorités locales, un camp médical à Sankoo, un village situé à 3 000 mètres d’altitude, “le moins développé et le plus peuplé du district de Kargil 

Le “plus grand défi” pour l’Eglise réside dans l’omniprésence des musulmans dans la région, et l’équipe du prêtre, un jésuite, était relativement sceptique quant à l’accueil que leur réserveraient les villageois, du fait de l’influence des responsables musulmans. En fait, le camp médical a été un “grand succès” et a permis de dissiper les peurs. Le responsable du district, un musulman, a lancé le programme en qualifiant Jésus “de guérisseur le plus puissant et a invité la population à profiter des services rendus par l’équipe médicale de l’Eglise qui est venue “au nom de Jésus D’après les membres de l’équipe médicale, les bombardements ont rendu beaucoup d’enfants partiellement sourds, et certains souffrent également de problèmes oculaires et d’élocution.

Un des projets les plus importants du diocèse est d’introduire l’énergie solaire car, selon le P. Joseph Kalathil, “le soleil est très présent dans la région, même en hiver Un des autres projets missionnaires est d’organiser des programmes pour faire découvrir les villes à la jeunesse locale et les familiariser avec le monde extérieur, car peu de jeunes, même parmi les plus éduqués, ont conscience des opportunités économiques en dehors de leur village. L’Eglise, déjà impliquée dans des programmes éducatifs et d’aides auditives, aide également les jeunes à trouver un emploi en dehors de Kargil, ce qui a permis “d’apporter une vague d’espérance chez des personnes sans espoir, une des raisons de la venue de Jésus en ce monde a précisé le P. Joseph Kalathil.

Mgr Peter Celestine, évêque de Jammu-Srinagar, s’est dit confiant quant à la pérennité de la mission de l’Eglise à Kargil, qui “reste engagée auprès de la population locale en les aidant du mieux qu’elle peut