Eglises d'Asie – Inde
Karnataka : après une série de violences intercommunautaires entre hindous et musulmans à Mangalore, le couvre-feu a été instauré pendant quatre jours
Publié le 18/03/2010
La police a arrêté plus de 300 personnes et enregistré 97 plaintes en lien avec ces violences intercommunautaires, qui ont provoqué la mort de deux musulmans et fait plus de 80 blessés. M.P. Prakash, ministre de l’Intérieur de l’Etat, s’est rendu à Mangalore le 9 octobre, deux jours après le début du couvre-feu, et a annoncé que les dégâts causés sur les bâtiments publics étaient estimés à dix millions de roupies (175 000 euros).
Au Karnataka, Dussera est une fête officielle ; les établissements scolaires sont fermés pendant dix jours et des primes exceptionnelles sont distribuées aux employés. Les hindous célèbrent la déesse Durga en organisant des tableaux vivants sur des chars, où sont mimées différentes scènes religieuses.
Les processions organisées à Mangalore contenaient plus de 200 tableaux vivants, dont une scène préparée par le temple hindou de Bajpe, qui représentait un musulman en train d’adorer la déesse Durga. D’après des traditions locales, un commerçant musulman au XVIIIe siècle, Bappa Beary, a construit ce temple dans un village majoritairement musulman, pour remercier la déesse de sa gratitude, après qu’elle ait aidé la population suite à des catastrophes naturelles qui avaient touché la région. D’après un villageois hindou, ce tableau vivant avait pour but de relater la légende symbolisant l’harmonie qui prévaut dans la région entre hindous et musulmans.
Les heurts ont commencé lorsque des musulmans ont protesté contre cette scène après avoir essuyé un refus à leur demande de retrait de la scène controversée de la procession. Selon Mohammed Shammy, un jeune musulman de la région, les hindous ont délibérément inclus cette scène pour insulter la communauté musulmane et inciter à la violence intercommunautaire. “Personne ne renie l’histoire, nous sommes fiers qu’un musulman ait bâti le temple Durga, mais nous n’admettons pas qu’un tableau vivant représente un musulman en train d’adorer une déesse hindoue [.]. L’harmonie fait partie de la culture de la majorité de la population, et semer la discorde est propre aux individus antisociaux a-t-il ajouté.
Le parti politique de la Ligue musulmane de l’Union indienne (Indian Union Muslim League) a demandé au ministre-président de l’Etat d’assurer la sécurité de la communauté musulmane. Ahmed Jamal, le secrétaire général du parti, a appelé les musulmans à ne pas recourir à la violence (1). Le 10 octobre dernier, le Comité interreligieux pour la paix s’est réuni et les représentants des religions concernées par le conflit se sont engagés à ne pas provoquer de grève générale.