Eglises d'Asie

Les avocats des “trois de Poso exécutés le 22 septembre 2006, ont dit vouloir saisir la Cour pénale internationale à propos des exécutions

Publié le 18/03/2010




Une semaine après l’exécution des “trois de Poso le 22 septembre dernier à Célèbes (1), leurs avocats ont dit vouloir porter l’affaire devant la Cour pénale internationale (CPI). Lors d’une conférence de presse organisée à Djakarta le 29 septembre, ils ont qualifié les exécutions d’illégales et d’inconstitutionnelles. Selon eux, Fabianus Tibo, Marinus Riwu et Dominggus da Silva n’ont pas perpétré les crimes qui leur ont été reprochés et leur exécution a été “un drame humain et juridique”. Les avocats ont agi au nom d’un collectif désigné selon son acronyme en indonésien, Padma Indonesia (Service pour la justice et la paix en Indonésie), présidé par un prêtre catholique, le P. Norbert Bethan, et coordonné par Stefanus Roy Rening, principal avocat des trois hommes exécutés ; le P. Jimmy Tumbelaka, qui a été le conseiller spirituel des trois de Poso, figure parmi les signataires de la déclaration lue en conférence de presse.

Selon Padma Indonesia, le président de la République d’Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono, s’est rendu coupable de crime contre l’humanité en n’empêchant pas l’exécution des trois de Poso. “Le jugement prononcé contre eux est mauvais car il n’a pas été librement et honnêtement rendu peut-on lire dans la déclaration du 29 septembre. C’est pourquoi les exécutions sont illégales, est-il encore écrit. Quant à leur inconstitutionnalité, elle tient au fait qu’il n’a pas été tenu compte du fait que les trois de Poso n’avaient pas épuisé tous les recours juridiques à la date où ils ont été fusillés. Un deuxième appel à la clémence, possibilité reconnue par la loi indonésienne, avait été présenté à la présidence de la République par les avocats des trois hommes et le pouvoir indonésien n’en a pas tenu compte. De plus, de nouveaux éléments, de nature à disculper les trois accusés, étaient apparus il y a peu et les autorités ont refusé la réouverture du procès.

Enfin, affirment encore les responsables du collectif, les exécutions ont été menées de manière inhumaine et contraire aux usages civilisés reconnus par l’Indonésie. Plus précisément, un décret présidentiel de 1964, au sujet des procédures liées à l’application de la peine de mort, n’a pas été respecté. Ainsi, les avocats des trois hommes n’ont pas pu avoir communication du décret commandant les exécutions. De même, ils n’ont pas pu voir leurs clients dans les jours qui ont précédé la date fatidique. Enfin et surtout, les dernières volontés des trois hommes n’ont pas été acceptées par les autorités. Selon Padma Indonesia, les trois hommes ont exprimé le souhait de transmettre publiquement un message au président de l’Indonésie avant leur mort et que plusieurs prêtres ainsi que le médiateur de la République assistent à leur exécution. Les trois hommes avaient souhaité qu’après leur mort leurs dépouilles soient transportées à l’église Sainte-Marie de Palu et que l’évêque de Manado y célèbre une messe de requiem. Requêtes qui ont été rejetées par les autorités (2). “Le refus de toutes les dernières volontés des condamnés est contraire au décret de 1964 peut-on lire dans la déclaration du 29 septembre. Pour finir, Padma Indonesia souligne que le refus des autorités de remettre aux familles les corps des trois fusillés peu après l’exécution constitue une violation des lois indonésiennes et de la dignité humaine.

A la fin de leur déclaration, les membres de Padma Indonesia soulignent leur opposition à la peine de mort et invitent les Indonésiens à protester contre la peine capitale en s’opposant “à l’exécution d’Amrozi et de ses amis”. Amrozi bin Nurhasyim et deux autres hommes, Imam Samudra et Ali Ghufron, alias Mukhlas, ont été condamnés à la peine de mort il y a deux ans pour le rôle qu’ils ont tenu lors des attentats d’octobre 2002 à Bali, où plus de deux cents personnes ont trouvé la mort. Peu avant l’exécution des trois de Poso, des observateurs locaux avaient expliqué que le gouvernement indonésien pouvait avoir fait le calcul que la mise à mort des trois catholiques calmerait les islamistes lorsque l’heure viendra d’exécuter les trois terroristes responsables des attentats de Bali (3).