Eglises d'Asie

Malgré des signes de détente, la tension subsiste entre le pouvoir central et le bouddhisme unifié

Publié le 18/03/2010




Il aura fallu attendre une forte aggravation de l’état de santé du patriarche du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, et son hospitalisation en urgence à Hô Chi Minh-Ville pour que son adjoint direct, le vénérable Thich Quang Dô, obtienne l’autorisation de lui rendre visite. Voilà trois ans, en effet, que les deux religieux ne s’étaient pas rencontrés, depuis une réunion clandestines dans le Binh Dinh, après laquelle l’un et l’autre avaient été placés en résidence surveillée, l’un dans le monastère de Nguyên Thiêu, dans la province du Binh Dinh, l’autre dans son monastère de Thanh Minh Thiên, à Hô Chi Minh-Ville. Les tentatives de visite des religieux de Saigon à leur patriarche avaient été tenues en échec par la police.

C’est le 27 septembre dernier que, souffrant de vertiges et de troubles respiratoires, le patriarche avait été transporté de son monastère de Nguyên Thiêu à l’hôpital. A l’invitation des confrères de Saigon, il avait été transporté, le lendemain, en convoi sanitaire de son hôpital du Bin Dinh à l’hôpital Cho Rây à Hô Chi Minh-Ville. Dès le lendemain après-midi, le vénérable Thich Quang Dô, accompagné d’une délégation de vingt religieux (1), était autorisé à se rendre à son chevet et à s’entretenir avec lui. Le dimanche suivant, Thich Quang Dô, accompagné de religieux et de laïcs, a renouvelé sa visite au patriarche.

L’assistance gouvernementale apportée en cette occasion au patriarche du bouddhisme unifié et l’apparente tolérance manifestée par les autorités à l’occasion des retrouvailles des deux religieux pourraient apparaître comme les signes d’apaisement vis-à-vis d’une partie du bouddhisme vietnamien qui refuse le patronage de l’Etat.

Déjà le journal de la Sécurité vietnamienne (Công An Nhên Dân) rapportait que le patriarche avait reçu, dans son monastère, la visite surprise du vice-ministre de la Sécurité publique, le général Nguyên Khanh Toan, accompagné du directeur de la police de la province. Après l’entretien – dont le contenu n’a pas été précisé -, le religieux avait même reçu un cadeau de son visiteur.

Cependant, ces apparentes prévenances n’ont pas empêché la poursuite du contrôle gouvernemental sur les activités du bouddhisme unifié et de la lutte menée par les autorités locales pour empêcher la mise en place de délégations régionales de cette Eglise. C’est ainsi que, depuis sa nomination au poste de délégué principal du bouddhisme unifié pour la province de Phu Yên, le 16 août dernier, le vénérable Thich Thiên Khanh n’a cessé de subir tracasseries et menaces de la police locale. Le 4 octobre dernier, lors d’une “séance de travail” (interrogatoire) au siège provincial de la Sécurité politique, ordre lui a été donné de quitter immédiatement l’Eglise bouddhiste unifié et de se présenter le lendemain, dans les mêmes lieux, pour y être confronté au chargé des Affaires religieuses et à la commission locale de l’Agitprop (Ban Dân Van). Le religieux a alors déclaré qu’il n’exécuterait aucun de ces deux ordres.