Eglises d'Asie

Timor occidental : selon le responsable de la pastorale des migrants du diocèse d’Atambua, les anciens réfugiés du Timor-Oriental continuent de vivre dans des conditions précaires

Publié le 18/03/2010




Dans la province du Timor occidental, les anciens réfugiés du Timor-Oriental continuent de vivre dans des conditions très précaires, explique le P. Yohanes Seran, responsable de la Commission pour la pastorale des migrants et des gens du voyage du diocèse catholique d’Atambua.

A Haliwen, un village situé à proximité de la frontière du Timor-Oriental, de longs baraquements couverts de feuilles de palmiers ou de bâches en plastique font office d’habitations à quelque 3 500 personnes, qui font partie des 14 400 réfugiés ayant récemment refusé d’être évacués vers d’autres logements construits par le gouvernement, selon les statistiques officielles de la province.

La plupart des 80 000 réfugiés vivant actuellement dans la province, depuis le référendum sur l’indépendance du Timor-Oriental de 1999 (1), ont quitté les camps de réfugiés qui avaient accueilli près de 250 000 personnes originaires du Timor-Oriental (2). A la fin 2002, les Est-Timorais qui n’étaient pas retournés dans leur région d’origine sont devenus automatiquement Indonésiens et, par conséquent, ne disposent plus, depuis cette date, du statut de réfugiés.

Le camp d’Haliwen s’étend sur deux hectares et chaque baraquement, de 15 à 20 mètres de long, est divisé par des bâches ou des feuilles de palmiers en cinq à six pièces de neuf mètres carrés sans plancher, où chaque famille de cinq à six personnes vit dans des conditions sanitaires extrêmement précaires, sans lit, sans cuisine, ni eau courante, l’eau étant distribuée quotidiennement par des camions-citernes du gouvernement. Les déchets sont éparpillés un peu partout et des enfants à moitié nus jouent autour des femmes qui font la chasse aux poux.

Dans la journée, les hommes sont partis chercher du travail, et seuls quelques malades sont présents dans le camp. Yoao Bau Belis explique que lui et les autres anciens réfugiés ne souhaitent pas quitter le campement pour rejoindre les programmes de relocalisation, car, selon lui, ils sont trop éloignés. “Ici, je peux vendre mes légumes dit-il en montrant ceux qu’il vient d’acheter au marché pour les revendre aux villageois d’Haliwen. Il reconnaît toutefois que ses revenus ne sont pas suffisants pour nourrir sa famille et payer la scolarité de ses enfants, qui ne sont plus scolarisés et vendent de la glace dans les rues du village.

Pour le P. Yohanes Seran, “la situation des anciens réfugiés est-timorais est un problème majeur qui nous place dans une situation difficile”. Il explique les avoir encouragés, à maintes reprises, à aller vivre dans les logements que le gouvernement leur a fait construire et qui à l’heure actuelle restent inoccupés. Il reconnaît effectivement que le déménagement d’anciens réfugiés n’améliorera pas forcément leur situation économique, puisque beaucoup d’anciens réfugiés paysans qui ont déménagé et à qui il rend régulièrement visite, font également face à des difficultés économiques.

Selon le responsable diocésain de la Pastorale des migrants, 63 000 anciens réfugiés du Timor-Oriental vivent à Belu et dans les environs de Kefamenanu, les deux districts du diocèse d’Atambua. Parmi ces anciens réfugiés, près de 20 000 enfants de moins de douze ans sont en danger et ne reçoivent pas d’éducation de base. “Sans qualifications, les enfants deviennent souvent un problème pour la société. Beaucoup deviennent des mendiants ou tombent dans la délinquance explique le prêtre.

Le P. Yohanes Seran transmet régulièrement un rapport au gouvernement au sujet des anciens réfugiés est-timorais. “Près de 90 % des anciens réfugiés sont catholiques (.). L’Eglise catholique se doit d’intervenir auprès du gouvernement et des organisations internationales afin qu’elles leur viennent en aide. Si l’Eglise parle mais n’agit pas, elle est dans l’erreur affirme-t-il.

En plus du camp d’Haliwen, d’autres camps similaires existent dans le district de Belu, tel le village de Kada, ou près de Kupang, la capitale de la province, dans les villages de Kefamenanu et Noelbaki, à l’extrémité ouest de la province.