Eglises d'Asie

A Chiang Mai, en Thaïlande, un millier de délégués au premier Congrès missionnaire asiatique parlent de leurs expériences à dire l’histoire de Jésus en Asie

Publié le 18/03/2010




Du 18 au 22 octobre derniers, un millier de délégués venus de vingt-cinq pays de l’Asie se sont réunis à Chiang Mai, en Thaïlande, pour un “Congrès missionnaire asiatique le premier du genre. Co-organisé par la Congrégation vaticane pour l’évangélisation des peuples et le Bureau pour l’évangélisation de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC), le congrès avait pour thème : “Raconter l’histoire de Jésus en Asie : une célébration de vie et de foi”. Plus de 70 évêques et cardinaux, 380 prêtres, 200 religieux et religieuses ainsi que 400 laïcs y ont pris part, venus pour les trois quarts d’Asie du Sud-Est, pour 11 % d’Asie du Sud, pour 10 % d’Asie orientale et pour une poignée d’entre eux d’Asie centrale. L’absence la plus notable fut celle de délégués de Chine continentale ; des délégations de Hongkong et de Macao avaient bien fait le déplacement, mais les délégués du continent, pourtant invités par les organisateurs, n’ont pas reçu la permission de se rendre à Chiang Mai.

Le choix de la ville de Chiang Mai pour accueillir le congrès avait été dicté par des considérations pratiques mais également ecclésiales. Chiang Mai est en effet une région où ouvrent de nombreux missionnaires de différentes congrégations qui, à côté de l’évangélisation du peuple thaï, sont nombreux à porter l’Evangile aux minorités qui habitent les montagnes du nord de la Thaïlande. Dans cette région, à la frontière de la Birmanie et du Laos, l’ouvre d’évangélisation s’exerce auprès de ces peuples qui, étant de nationalité thaïlandaise, se distinguent de l’ethnie majoritaire thaïe par des usages, des coutumes et des langues propres.

Mûri pendant plusieurs années, s’inscrivant à la suite des congrès continentaux qui ont eu lieu en Afrique et en Amérique latine, le congrès de Chiang Mai a été pensé par ses organisateurs comme une mise en ouvre de l’inspiration du pape Jean-Paul II qui, dans Redemptoris Missio, écrivait que la mission “ad gentes” (aux non-chrétiens) au troisième millénaire devrait s’orienter prioritairement vers le continent asiatique (RM, 37b). La demande à laquelle les acteurs du congrès devaient apporter une réponse ne concernait donc pas la nécessité de l’évangélisation, mais les modalités de cette annonce : comment l’annonce de l’Evangile du Christ peut-elle répondre aux exigences des peuples de l’Asie ? Chacun des quatre jours était ainsi consacré à un thème spécifique : « L’histoire de Jésus parmi les peuples de l’Asie » (19 octobre) ; « L’histoire de Jésus dans les religions d’Asie » (20 octobre) ; L’histoire de Jésus dans les cultures de l’Asie » (21 octobre) ; « L’histoire de Jésus dans la vie de l’Eglise en Asie » (particulièrement la famille, et les communautés chrétiennes locales) (22 octobre, Journée missionnaire mondiale).

Réveiller la conscience du mandat missionnaire de l’Eglise, revigorer l’annonce et trouver de nouvelles voies pour raconter l’histoire de Jésus sur le continent asiatique, continent où a eu lieu l’histoire de Jésus, et qui voit en Jésus son représentant le plus connu et le plus respecté mais qui peine à l’accueillir comme unique Sauveur. Comme l’a rappelé Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato (Philippines) et secrétaire général de la FABC, le Christ est en Asie et, cependant, l’Eglise n’a dans ce continent qu’un petit troupeau qui représente à peine 3 % de la population totale. Dès lors, a poursuivi l’archevêque philippin, l’annonce doit se dérouler dans le respect (des consciences), dans l’attention (aux plus faibles) et dans le dialogue (avec les autres religions), par une sollicitude aux problèmes que vit cet immense ensemble mais aussi par le courage et la conscience du grand don dont les chrétiens sont porteurs.

Pensé pour être un partage d’expériences de la foi – et non comme une conférence savante -, le congrès a donné lieu à de nombreux témoignages, prolongés par autant de partages en petits groupes. Le choix de certains intervenants a été critiqué par certains délégués. Ainsi, pour un missionnaire américain présent à Hongkong depuis 1971, il aurait été bienvenu d’entendre des hindous ou des bouddhistes plutôt que des convertis au catholicisme pour évoquer les grandes religions présentes au cour de l’Asie. Mais, pour l’ensemble des délégués, les interventions des orateurs comme les partages qui ont suivi ont été l’occasion d’une expérience d’une vie en Eglise stimulante. “Dire l’histoire de Jésus en Asie appelle à une rencontre vivifiante à la rencontre de l’Eglise et de chacun avec Jésus dans la prière, la contemplation, la liturgie, l’interaction avec le prochain, tout spécialement le pauvre, ainsi qu’avec les événements qui constituent des ‘signes des temps’ a ainsi expliqué Mgr Luis G. Tagle, évêque d’Imus, aux Philippines.