Eglises d'Asie – Corée du sud
Face aux menaces nucléaires et aux sanctions demandées par l’ONU, il n’y aura de paix dans la péninsule coréenne que par le dialogue, réaffirment les évêques
Publié le 18/03/2010
Dans leur message, les évêques affirment que posséder l’arme nucléaire « ne peut en aucune façon se justifier même comme arme d’autodéfense. « A cet égard, la position de l’Eglise catholique en Corée est claire écrivent-ils, citant une de leurs déclarations précédentes : « Nous voulons la paix, non la guerre ! ». Dans cette déclaration du 14 février 2003, la Conférence des évêques se disait « explicitement opposée » à l’attaque de l’Irak par les Etats-Unis sous prétexte d’éliminer les armes de destruction massive que le régime de Saddam Hussein était soupçonné fabriquer. La Corée du Nord avait déjà annoncé, à l’époque, qu’elle se livrerait à des essais nucléaires pour contribuer à son potentiel d’autodéfense face à ce qu’elle décrivait comme un accroissement de l’hostilité américaine contre le régime communiste.
« La paix ne peut être réalisée que par le pardon et la réconciliation sans cesse renouvelés réaffirment les évêques, demandant à la communauté internationale de s’engager sur le chemin de la paix et de la réconciliation par le dialogue et la négociation. Néanmoins, ils reconnaissent que, pour que la paix s’enracine en Corée, l’accord sur la dénucléarisation des deux nations doit être effectivement respecté. Fin 1991, les deux Corée avaient signé une déclaration commune sur la dénucléarisation de la péninsule.
Ces dernières années, poursuivent les évêques, le Nord et le Sud ont entretenu des échanges pacifiques grâce auxquels les deux Corée en sont arrivées à se reconnaître comme un même peuple et non comme des ennemis (2). Aussi, « personne ne devrait bloquer le chemin de la réconciliation ouvert par le Nord et le Sud ni « faire refluer » la vague « de et d’unité » qui monte de l’ensemble de la péninsule coréenne, soutiennent les évêques. Surtout, ont-ils ajouté, personne ne devrait utiliser la situation pour susciter la haine et l’affrontement.
A propos des sanctions contre la Corée du Nord votées le 14 octobre par le Conseil de sécurité des Nations Unies (arraisonnement des bateaux soupçonnés de trafic d’armes, gel de ses avoirs et interdiction de voyager pour les personnes liées au programme nucléaire), Mgr Lucas Kim a déclaré, le 16 octobre, que l’Eglise de Corée était fondamentalement opposée à toute forme de violence, y compris l’utilisation de l’arme nucléaire. « Personnellement, je me demande comment des sanctions internationales contre la Corée du Nord pourraient aider à la réconciliation et à la réunification de notre pays a-t-il dit, ajoutant : « L’essai nucléaire de la Corée du Nord a été certes une erreur, mais il nous faut essayer de sauver la situation, non par des sanctions mais par le dialogue et les échanges au niveau de la société civile. » Dans cette perspective, il est « plus important d’arriver à convaincre le Nord de ne pas se servir des armes nucléaires » que de lui demander « d’abandonner les armes qu’il possède déjà a souligné l’évêque, précisant qu’il ne s’agit là que d’une « opinion personnelle ».
De son côté, le Conseil pour l’apostolat des laïcs, dans une déclaration datée du 14 octobre, a fait observer que la Corée du Nord avait rompu l’accord de dénucléarisation de la péninsule coréenne que les deux Corée étaient tenues de respecter. Dans sa déclaration intitulée : « Développons une culture de paix, de respect de la vie et des droits de l’homme le Conseil demande avec insistance aux responsables de la Corée du Nord de tout faire pour améliorer le niveau de vie de leur peuple plutôt que de fabriquer des armes nucléaires. Le Conseil cite également le message du pape Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier de cette année : « Les autorités qui, plutôt que de travailler pour la paix, poussent leurs citoyens à l’hostilité contre les autres nations portent une lourde responsabilité. »