Eglises d'Asie – Timor Oriental
Inquiet pour l’avenir, l’évêque de Dili demande que la nation toute entière accepte favorablement les conclusions à venir de la Commission d’enquête internationale
Publié le 18/03/2010
La Commission indépendante internationale d’enquête a été constituée le 8 juin dernier à la demande du ministre des Affaires étrangères d’alors, Jose Ramos-Horta, nommé ensuite premier ministre après la démission de Mari Alkatiri. La commission a reçu mandat d’établir la réalité des faits au moment des protestations des militaires les 28 et 29 avril, sur la mort de neuf policiers, la guerre des gangs, les pillages et les incendies criminels qui s’ensuivirent au cours desquelles 21 personnes ont perdu la vie (1).
Les militaires contestataires et leurs sympathisants ont occupé les rues de la capitale les 28 et 29 avril exigeant la réinsertion des 591 soldats limogés par Alkatiri en février 2006, pour avoir protesté contre des discriminations exercées à leur encontre. Les conclusions de l’enquête devaient être publiées ce 8 octobre mais elles sont encore en cours de traduction, en indonésien, en portugais et en tetum, les principales langues utilisées au Timor-Leste (Timor-Oriental).
Mgr da Silva a ajouté que les résultats de l’enquête seraient sans doute douloureux pour les dirigeants de certaines institutions et les responsables de certains secteurs de la société civile, mais qu’ils devaient être reçus comme une direction à suivre pour que soient rétablis les droits de l’homme et la justice dans ce pays. “Je veux demander à tous les gens du Timor-Leste de les accepter sans violence a-t-il appelé.
Le vicaire général du diocèse de Dili, le P. Apolinario Aparicio Guteres, a lui aussi demandé que tous acceptent les décisions et les recommandations de la commission. “Je crois qu’elles nous aideront à rebâtir la paix et la justice, parce la justice naît de la vérité et que c’est ce que tout le monde attend a-t-il déclaré aux journalistes, le 9 octobre.
Jose Edmundo Caetano, un avocat qui travaille avec la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Dili, a expliqué, pour sa part, que sa crainte portait sur ce qui se passera après la publication des résultats de l’enquête. Il demande au gouvernement d’être attentif à garantir la sécurité sans laquelle la situation risque de se détériorer. “Il est tout à fait possible que la violence resurgisse. Il peut y avoir des groupes mécontents des résultats qui useront de la violence pour protester dit-il. Il affirme aussi que des gens restent encore réfugiés, loin de la capitale, à cause des rumeurs de violence qui se propagent dans les rues. “Vous ne savez jamais ce qui peut arriver. Parfois, les rumeurs disent vrai. Il vaut mieux sauver des vies” (2).
Quant au P. Jose Soares, curé de la cathédrale de l’Immaculée Conception de Dili, il pense que le gros problème pourrait venir de militaires et précise : “Je crois que la première cause possible de violence sera les militaires. Si un certain nombre de cadres sont désignés comme responsables, j’espère qu’ils l’accepteront. Sinon ils risquent de prendre la fuite avec leurs subordonnés, de déclencher une guérilla et de mettre la nation en péril.”
Les partis politiques seraient également une source de conflits si leurs dirigeants étaient cités dans le rapport de la commission, a-t-il ajouté. Mais il croit qu’ils ont assez de maturité pour assumer leurs responsabilités en cas de crise : “Les dirigeants devraient se préparer au cas où ils seraient inculpés. Ce serait une bonne chose pour la nation.”
Selon un étudiant de l’université, il existe un doute quant à la capacité du système judiciaire local de traduire les coupables en justice. “Je pense que les gens aimeraient constater que le système judiciaire du Timor-Oriental rend la justice, sinon ils appliqueront la leur et ce sera la violence souligne-t-il. Quant à la sécurité physique, cet étudiant se veut optimiste, estimant que la présence des forces de sécurité des Nations Unies dans le pays est gage d’une certaine stabilité.